J’ai connu l’époque héroïque
Des tout premiers labos de langues,
Cela paraissait scientifique,
Pour beaucoup ce fut un big bang.
Des magnétos à larges bandes,
Et qui souvent se cassent net,
Si trop brusquement on s’arrête:
Un embrouillamini de bandes.
Le maître trône sur l’estrade,
À dix-huit cabines est relié,
Comme des arbres en espaliers,
Ses remarques tombent en cascades.
Tout ce qu’on dit, répercuté,
Renvoyé comme un boomerang,
C’est une vraie divinité,
Plus puissant qu’un parrain de gang.
Puis on inventa les cassettes,
Qui sont choses bien plus compactes,
Sur de petites roulettes,
Plus solides elles restent intactes.
De super-labos numériques
Furent installés par la Région,
On dépensa un max de fric,
On en produisit par légions.
Ils étaient connectés au net,
À l’Angleterre, et à l’Irlande,
Et les potaches, en contrebande,
Y téléchargeaient des playmates.
Furent bientôt choses désuètes,
On ne voulait plus de ces tanks,
Chaque élève avait sa tablette,
Où il pouvait faire des langues.
Il trouve tous les dictionnaires,
Synonymes et traduction,
À l’occasion il rend visite
Aux sites de prononciation.
Non, le vieux labo ne me manque,
Moi, j’ai mon ardoise magique,
La toile devient une banque,
J’aime les langues et devient geek.
Dumnac
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