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Expéditeur Conversation
crisroche
Envoyé le :  31/3/2016 17:00
Plume de diamant
Inscrit le: 27/7/2008
De: RĂ©sistance
Envois: 13525
Poèterie
J’ai pris grand plaisir à admirer en l’église Saint Roch de Dieulefit le (un) chemin de crèche dont le thème original varie chaque année pour faire naître Jésus, son espérance, dans une partie du monde; en 2016, l’horizon était celui des îles françaises d’outre-mer. Que l’on soit croyant ou non, adulte ou enfant, il est impressionnant de regarder ces mondes en miniature dont les tableaux de la vie quotidienne sont mis en scène avec une fidélité scrupuleuse du détail pour donner un confondant effet de perspective d’ensemble, ce travail tient du miracle sur un chemin d’amour et de vie ; il n’est pas ridicule de proposer une image qui nous invite tous à revenir à l’origine ; Dieu n’est pas toujours ce vieillard barbu et bonasse, il est inqualifiable mais si on cherche à le rendre visible avec une apparence ne serait-ce pas pour faire oublier son absence ? Après ce moment d’émerveillement, je me suis rendu au cimetière pour me recueillir sur la tombe familiale.
Le jour était clair, sans vent, une douceur d’hiver dans une vie ordinaire. Abandonnant l’asphalte de ce monde, je franchissais le portail et pénétrais dans cet espace comme dans un brouillard au bord d’un abîme ouvert sur l’avenir : tout devenait plus ample. Sans chercher ma route, j’avançais doucement, à pas lents et sourds, sur cette terre pleine de morts privés de vie et de sens : des tombes avec leurs vains ornements, des croix, des couronnes de fleurs fanées, quelques vestiges d’un art funéraire modeste ; je me dirigeais sur l’étroite allée au milieu des tombes creusant un lit dans le silence et la nuit. Depuis mon enfance, j’ai maîtrisé la peur que la sévérité de ces lieux m’inspirait lors des visites que mes tantes m’imposaient ; j’en en ai gardé un certain souvenir émouvant, aussi clair que le cristal. Dès la grille franchie, on retrouve immédiatement le sacré même si le ciel aveugle sa vitre d’une cécité baudelairienne… où est la divine étincelle qui éclaire le chemin de nos vies ? Je suis frappé par le grand silence que semble respecter les occupants des lieux, ceux qui viennent les visiter et même les oiseaux. Cela ne signifie certes pas qu’ils sont tous dans les jardins du paradis, qu’importe ! Il me semble qu’il y a là deux mondes qui s’ignorent et pourtant je ne peux m’empêcher de croire qu’il existe un lien entre ceux-ci malgré l’immensité qui nous sépare. Qui pourrait prétendre comprendre l’Univers tout entier ? Plus j’avance et plus les âmes invisibles deviennent l’un des reflets de ma réalité. « Ô !mon silence…je hume ici ma future fumée. » « Homo fugit velut umbra ! »
Dans ce temple du temps, entre le vide, scintille l’écho de ces changements où repose un mystère avec ces reliques d’ossements figés comme un matin d’hiver. Qui se souvient aujourd’hui qu’autrefois, seuls les pauvres étaient inhumés dans des cimetières, à l’intérieur des villes, tandis que les plus fortunés trouvaient place dans les églises ou les couvents ? L’évêque avait le droit de fixer dans son diocèse la qualité des personnes qu’on pouvait ensevelir dans les sanctuaires, plus on se rapprochait du chœur et de l’autel, plus on appartenait à ces privilégies que furent les seigneurs ou les membres du clergé. Ici, ce n’était certes pas le cimetière du Céramique, mais, la fabrique de la poterie y avait été intense, on estampillait les pièces produites avec le T de Terre. Nous sommes bien tous de cette même argile et si celle-ci nous est commune, selon les lieux, elle présente des qualités qui facilitent l’art de la façonner et de la modeler ; dans cette poèterie, je vois l’un des défis à la matière inanimée. Môme, j’étais fasciné par la dextérité de ces artisans qui enfonçant leurs deux pouces dans une masse de terre minérale, lui donnaient à boire pour la rendre plus homogène et la formaient avec art grâce à l’aide d’un tour actionné avec le pied. Étirant les parois d’un vase, ils le façonnaient avec la paume de leur main puis lui posaient une anse. Le détail de ces opérations me semblait magique et exigeait une attention particulière. Cet acte créateur par excellence est devenu dans la Bible le symbole de la création de l’homme. Mais dans toutes ces productions, tant pour la perfection de la technique, la beauté des formes et la variété des décors, je ne trouve rien de comparable à la production attique des V° et IV° siècles avant J.C. ; Dieulefit sur ce point et d’autres ne pourrait rivaliser avec Athènes, mais dans leur humilité, cela ne viendrait pas à l’esprit de ses habitants...
Pierre-Louis SESTIER


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