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     LE SERPENT DE L’AEROPORT
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Expéditeur Conversation
Ougounnine
Envoyé le :  30/3/2016 21:23
Plume d'or
Inscrit le: 11/6/2009
De: Maroc
Envois: 563
LE SERPENT DE L’AEROPORT
Nouvelle de Brahim KHALIL - Traduit de l’arabe par Ougounnine

A la périphérie de la petite ville de Bamoukley Kowey située à l’extrême nord du pays, Salmane le fils de Mokhtar ‘Aliki Betta’ a commis un meurtre, en plein jour, au beau milieu de la longue avenue menant à l’aéroport. Et lorsque je dis l’avenue de l’aéroport, on ne doit pas comprendre que je désigne un aéroport opérationnel avec ses salles d’attente, ses pistes et ses avions. En fait, le gouvernement avait annoncé il y a quelques années qu’il comptait construire un aéroport international au bout de l’avenue situé au sud de la ville et cette annonce est restée gravée dans la mémoire des gens.

Heureusement, l’avenue était déserte à cette heure. Le garçon s’est enfui dans un état de grande peur, la vision du sang gravée dans son esprit et lorsque son père l’a vu dans cet état, il a essayé de le calmer et d’écouter ce qui est arrivé.

Aliki Betta était connu par son flegme et sa bonne prise de décision lorsqu’il affronte des situations difficiles et inattendues, mais il n’avait jamais fait face à ce genre de catastrophe auparavant. Dès que Salmane a terminé son récit, Mokhtar s’est levé et lui a demandé de l’accompagner à l’endroit où se trouve le cadavre. En arrivant, le père a immédiatement choisi un laurier rose non loin de la route et les deux hommes ont commencé à creuser au pied de l’arbre et lorsqu’ils ont terminé, ils ont descendu le mort dans le trou, ont remis la terre sur le cadavre et sont revenus chez eux sans que personne ne les remarque car c’était un début d’après-midi d’été.

De retour chez lui, le père a sombré dans une profonde réflexion, se grattant le menton, afin de trouver une solution à ce problème. Si jamais cet incident arrive aux oreilles des gendarmes et des services de renseignement, il aura de graves problèmes, son fils sera jeté en prison et pourra même être condamné à mort et, ce qui est plus grave, il sera lui démis de son poste à cause de ce scandale sans que les nombreuses années où il a été fidèle à l’Etat soient prises en compte. Dès lors, quel sera son statut parmi les gens ? Comment pourra-t-il marcher en ville ? Et comment affrontera-t-il ceux qui se courbaient pour lui baiser la main chaque fois qu’ils le rencontraient ou ceux qui ne l’appelaient que par Sidi ou Moulay ?

Mokhtar a réfléchi durant de longues minutes et finalement il s’est frappé le front, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. Il a alors appelé Sâadoune le boiteux et lui a dit :
- Ecoute Sâadoune, le gouvernement vient de m’informer qu’un serpent géant s’est faufilé dans notre pays voilà trois jours par les frontières nord. Les investigations ont conclu que ce serpent s’est installé dans un des trous de l’avenue de l’aéroport, mais personne ne sait exactement où.
- Sâadonue s’écria avec effroi : l’avenue de l’aéroport ?
- Oui, l’avenue de l’aéroport.
- Et quelle est, par Allah, la longueur de ce serpent, Sidi ?
- Ils ont dit dans le télégramme qu’il mesure environ deux mètres et que sa morsure est mortelle. C’est pourquoi je te demande de faire une tournée dans la ville et d’avertir les habitants de ne pas s’approcher de l’avenue de l’aéroport à partir de ce jour sinon je ne suis responsable de la vie de personne d’entre eux. Voilà, j’ai acquitté ma conscience devant Dieu.

En moins d’une heure, toute la ville était au courant et les habitants avertissaient les uns les autres alors que le serpent est devenu célèbre sous le nom du ‘serpent de l’aéroport’.

L’avenue de l’aéroport est devenu déserte de ses promeneurs et personne n’osait plus y marcher, le simple fait d’y passer constituait un grand risque ce qui a permis à Mokhtar de dormir tranquille !

Moins d’un mois après, un autre fait s’est produit. Une rumeur s’est propagée attestant que Hamdou Abou Ghazala, en revenant de nuit de chez sa tante, a vu de ses propres yeux le serpent. En quelques minutes, la maison de Hamdou est devenue pleine de monde. Il est alors monté sur la terrasse et a crié à pleins poumons :
- Ecouter braves gens, ce serpent est beaucoup plus grand que ce qu’on vous a dit. Je l’ai vu de mes propres yeux hier soir, sa longueur dépasse les trois mètres et ses yeux brillaient dans le noir tels les braises de l’enfer, que Dieu nous en préserve, et si ce n’était la miséricorde divine et le fusil de chasse que je portais, je serai à cette heure parmi les morts.
- L’as-tu touché, Hamdou ? Ont crié les gens.
- Que Dieu vous préserve, est-il resté dans mon corps un atome de courage pour presser la détente ?
- Et comment as-tu pu t’échapper ? Dis-nous !
- Par la grâce d’Allah et celle de mes deux jambes !

Après une année, la longueur du serpent a atteint six mètres et il sortait chaque nuit de son trou pour avaler un tracteur comme on avale un poivron rouge. Le serpent de l’aéroport est ainsi devenu le nom le plus célèbre de la ville à tel point que les mères faisaient peur à leurs bébés en le nommant lorsqu’ils refusaient de dormir et ils s’exécutaient illico presto !

L’affaire a tellement grossi que les notables de la ville se sont réunis chez Mokhtar et lui ont proposé de faire appel aux forces gouvernementales de la capitale mais Mokhtar, qui était confiant que la tombe du mort avait séché et ne pouvait plus être repérée et était aussi las de cette histoire, a refusé arguant que c’était une affaire locale et que c’était aux habitants de Bamoukley de lui trouver une solution.

Les choses ne se sont pas arrêtées là. Après moins d’une semaine, Ali Moustaki est monté sur une estrade au milieu de la place de la ville en dévoilant sa jambe pour que les gens voient la trace de la morsure du serpent de l’aéroport. La semaine suivante, Abdou Faâour a prétendu avoir perdu trois brebis de son troupeau et a dit avoir vu une partie de leurs entrailles et de leur laine au bord de la route au coin menant à l’avenue de l’aéroport. Le gardien de la forêt entourant Bamoukley s’est lui plaint de la diminution du nombre d’arbres de la forêt sans qu’il ait une explication valable.

Les événements étranges se multipliaient en ville sans que personne ne sache rien. Mokhtar Betta fut confus de ce qui arrivait mais n’osait pas démentir et s’est abstenu de commenter les discussions relatives à ce sujet.

Puis un vrai télégramme adressé à Mokhtar est arrivé de la capitale de la part d’un conseiller du ministre à propos de la véracité des nouvelles en provenance de Bamoukley Kowey sur le serpent de l’aéroport. Mokhtar a répondu que ce n’étaient que mensonges et inventions de la part de quelques malintentionnés.

Finalement, lorsque Salmane le fils de Mokhtar ‘Aliki Betta’ fut assassiné une nuit alors qu’il revenait d’une soirée chez un ami et que son cadavre ne fut pas retrouvé, personne n’a douté un seul instant qu’il a été avalé par le serpent de l’aéroport !



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Pouvoir, c'est vouloir

Benadel
Envoyé le :  17/4/2016 15:25
Plume d'or
Inscrit le: 26/3/2016
De:
Envois: 1384
Re: LE SERPENT DE L’AEROPORT
Une fiction très bien écrite qui donne à réfléchir. Et si tout ce que l'on nous raconte depuis des millénaires, comme l'histoire du déluge par exemple, n'était que pure invention ?
Ougounnine
Envoyé le :  19/4/2016 10:12
Plume d'or
Inscrit le: 11/6/2009
De: Maroc
Envois: 563
Re: LE SERPENT DE L’AEROPORT

Merci d'avoir eu la patience de lire et de commenter cette nouvelle traduite.


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