Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
115 utilisateur(s) en ligne (dont 104 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 2
Invité(s): 113

cyrael, BOUCHARBA, plus...
Choisissez
Chandylane
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Lettres d'amour
     Un amour en forme de marguerite
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
Benadel
Envoyé le :  27/3/2016 12:03
Plume d'or
Inscrit le: 26/3/2016
De:
Envois: 1384
Un amour en forme de marguerite
Ma fleur adorée,


Ta chevelure tressautant sur un pas accéléré évoque le soubresaut d’un amour mort-né. Le sentiment renaît lorsque tu entres le matin dans notre bureau, fraîche et légèrement maquillée. Mais il meurt lorsque tes yeux vert émeraude me rendent transparent. Si durant la journée ton regard se pose sur moi, c’est par nécessité ; aucun désir ne brûle en lui. Tu es à la fois ma cheffe, ma collègue, ma confidente, mais nous ne sommes pas amis ; pour cela aussi il faut être deux. On aurait dit que ma passion secrète te rebute au point de refouler l’amitié. Alors je me morfonds et contemple l’abîme qui me sépare de toi. Tes cheveux longs, d’un brun chaud, tombant sur tes épaules, sont à mille lieues d’une main désirant tant les caresser. Il t’arrive de relever une mèche. Que n’aurais-je donné pour effectuer ce geste à ta place. Assise devant ton bureau, tu trônes sur ton travail. Ta concentration mêle un air sérieux au charme. La profession n’a pour toi aucun secret. Quand la raison se met au diapason de la beauté, elle vient à bout de bien des difficultés. Je suis malade à ne pouvoir baiser ce front gonflé d’intelligence. Lorsque tu t’annonces au téléphone, les syllabes de ton prénom m’embrasent. Ta bouche à la lèvre légèrement recourbée déverse son flot de sensualité. A la faveur d’un conseil, au moyen d’une remontrance ou simplement lors d’une conversation, ta voix mélodieuse effleure un amour que je n’ose déclarer. Qui suis-je, homme débile, à pouvoir greffer une laideur sur une beauté ? La finesse de ton nez donnant aux traits de ton visage un caractère délicat hume la roublardise et l’hypocrisie de tes collègues. Mes joues rosissent de vergogne lorsque je tente de soustraire mon erreur à ta perspicacité, car la pertinence de tes arguments met à nu un personnage falot. Maintes fois, je t’ai surprise à déblatérer sur ton supérieur ou à médire sur autrui. Mais enrobée de grâce, la vilenie a une touche de noblesse. Tes petites oreilles élégamment ourlées sont des bijoux assortis à un port de reine. Elles se prêtent gracieusement aux jérémiades d’un homme qui conte son malheur. Ton humble serviteur se complaît alors dans l’attention que tu lui portes. Il a l’impression de transformer ton apitoiement en amour pour lui. Hélas, lorsque tu mets fin brusquement par une parole passe-partout, par une remarque éculée, à notre entretien, je suis face à la dure réalité. L’arrogance d’un sentiment froid suinte de ta haute poitrine. Elle me tient à l’écart. Mes mains ne se poseront jamais sur la fine fleur d’une Marguerite. Pourtant, au plus fort d’une tension nerveuse commandée par une tâche urgente, lorsque mes propos grivois essaient de détendre un peu l’atmosphère, ton rire encourage la licence de langage. Je me fais alors un honneur à exceller dans la paillardise afin de contenter la femme provocante qui sommeille en toi. Ces moments où je me sens investi d’une mission, celle d’être ton bouffon, me remplissent de joie car je crois compter un peu pour toi. Mais, ô malheureux, ces instants de bonheur se noient rapidement dans le flot de ces minutes, de ces heures qui s’écoulent dans la plus totale indifférence. Effectivement, en dehors de l’entreprise, je ne suscite aucunement ton intérêt. Lors des sorties de bureau, tu t’arranges toujours pour ne pas être assise près de moi. Combien de fois t’ai-je invité à danser ? Je me refuse à les énumérer, tant leur évocation ravive ma peine. C’est curieux comme toutes sortes de prétextes peuvent masquer la rebuffade. Pourtant, tu avances à visage découvert vers le galant qui t’enflamme et tu danses langoureusement avec lui sous les yeux de l’homme éconduit. Cette main à la paume douce qui m’a saluée il y a bien longtemps prend son cavalier par les épaules et l’entraîne vers la piste de danse. Les pieds perchés sur des hauts talons promènent fièrement le galbe de tes jambes et dessinent des arabesques. Ces lignes sinueuses représentent pour moi le faufilage d’un désir dont je suis exclu. Dos tourné, tes reins crânement bombés narguent ma disgrâce. Chaque soir en rentrant chez moi, je me dis : «Contente-toi de regarder la femme de tes rêves, tu as la chance d’être avec elle dans une même pièce. Qui sait, peut-être as-tu inhalé la bouffée d’air qu’elle a expirée.» Mais lorsque, le lendemain, tu apparais devant moi, l’amour me fourvoie dans une chimère, j’oublie mes résolutions, je me convaincs que la laideur d’une figure ne dissimulera pas éternellement le rayonnement d’une personne éprise de toi. Sa passion irradie vers la grande espérance. J’ai espoir que tu découvriras la volupté d’un cœur tendre, mais très vite ton déchirant mépris me rappelle qui je suis.


Pourquoi est-ce que je t’écris cette lettre ? Tu as décidé de t’en aller sous d’autres cieux. Demain, tu quitteras la Maison dans laquelle siégeait la douleur précieuse d’un amour sans cesse conçu à la lumière d’un homme imaginaire. Chaque jour, cet homme, se trouvant beau, a détaché un pétale d’une Marguerite, d’une infinie grandeur, pour savoir s’il serait aimé. A chaque pétale enlevé, à chaque attention que tu lui as accordé, il s’est dit : elle m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout. Il avait l’intention de l’effeuiller jusqu’à trépas. Hélas, les circonstances ne lui permettront pas d’arracher le dernier pétale, le dernier regard, censé lui donner une réponse. Éloignée à des milliers de kilomètres, la fleur ne le renseignera pas. Cette lettre, je te la donne en guise d’adieu. Elle te touchera ou elle te laissera de marbre. Mais moi, demain, je me mettrai à la place de l’homme que je n’ai pas été, et tracerai chaque mot comme si j’avais effeuillé la Marguerite. Demain, je saurai si le personnage sorti de mon imagination aurait fini par gagner ton cœur ; des histoires d’amour flottent dans ma tête. Bientôt, ma plume embrassera la Marguerite.



Hortensia


guydemoipens
Envoyé le :  29/3/2016 6:38
Plume d'argent
Inscrit le: 6/1/2012
De: Au jardin de ton coeur !
Envois: 335
Re: Un amour en forme de marguerite
Bravo ! J'ai deux mots à dire à cette plume talentueuse qui m'a embarqué dans un récit qui à le pouvoir de retenir le lecteur jusqu'au dernier souffle en s'attendant à ce que l'amour triomphe de l'indifférence ! Je ne souhaite qu'une chose, qu'à la lecture de ta lettre elle accourt vers l'homme qui aimerait tant : effeuiller la marguerite !
Benadel
Envoyé le :  29/3/2016 8:18
Plume d'or
Inscrit le: 26/3/2016
De:
Envois: 1384
Re: Un amour en forme de marguerite
Merci Plume d'argent
Ogr3
Envoyé le :  29/4/2016 22:51
Plume de platine
Inscrit le: 25/4/2016
De: Voie Lactée, Terre, parfois Lune
Envois: 8832
Re: Un amour en forme de marguerite
Après le vent et les tempêtes, la fleur finie toujours par se tourner vers un rayon de soleil afin que ses pétales s'ouvrent face à la lumière

Amicalement Marc
Selenia
Envoyé le :  11/7/2017 12:50
Plume de platine
Inscrit le: 24/11/2011
De: Brabant flamand - Belgique
Envois: 8549
Re: Un amour en forme de marguerite
très émue par cette lettre d'un amour impossible

la lira-t-elle ou est-ce Ă©crit seulement pour figurer sur ce site?

la vie est un éternel recommencement et nous vivons tous à peu près la même histoire

il faut profiter de la vie maintenant tant que c'est encore possible et de quelque manière que ce soit: la poésie aide beaucoup

je sais que par l'imagination on arrive à se consoler un peu en s'imaginant plus beau plus aimable plus aimé que dans la vraie vie

cette lettre m'a retenue jusqu'à la dernière ligne

je te sais très sensible mais doué d'un grand talent littéraire

bravo et ... courage


----------------

Sybilla
Envoyé le :  26/7/2017 22:50
Modératrice
Inscrit le: 27/5/2014
De:
Envois: 93823
Re: Un amour en forme de marguerite


Bonsoir Benadel,

Très émue en lisant ta lettre d'amour si émouvante !



Douce soirée !
Mes amitiés
Sybilla


----------------
Presque toutes mes poésies ont été publiées en France et ailleurs avec les dates "réelles" de parution.


Le rĂŞve est le poumon de ma vie (citation de Sybilla)

cyrael
Envoyé le :  31/7/2017 19:40
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83222
En ligne
Re: Un amour en forme de marguerite


QUELLE MERVEILLE
cette lettre d'amour

félicitations


----------------
EVELYNE NADINE maryjo 2O11

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster