J’ai entendu pérorer par certains
Que Satan a clamé sa repentance
Et ils avaient l’air content
Mais mes oreilles n’en croient mot
Après toute la désolation et la misère
Que le pauvre a enduré et subi
Lui rendra-t-on sa dignité et son honneur
Toutes ces femmes violées, vendues
Comme de vulgaires esclaves ou catins
Leurs rendra-t-on ce qui a été souillé
Tous les innocents tués de sang-froid
Saura-t-on regarder leurs enfants orphelins
Sans avoir honte ou baisser la tête
Tous les menteurs qui ont applaudis
Auront-ils le courage de brûler leurs mains
Auront-ils honte ces maudits
Que diront-ils à Dieu demain

Ainsi marmonnait un vieux dormant sur un banc dans un arrêt de bus, sa tête entre ses mains dans la position d’un fœtus dans le ventre de sa mère, je m’asseye près de lui à quelque pas, juste la distance qu’il faut pour que je ne le dérange pas, et qu’il puisse m’entendre au cas où il voudrait accepter que je puisse engager avec lui une conversation.
Je lance dans sa direction
-Vous êtes malade monsieur ?
Il leva la tête regarda dans ma direction fit signe de la tête que non, sans qu’aucune parole ne fuse de sa bouche, j’étais intrigué, il n’avait pas l’air d’un vagabond, mais le voir ainsi dormir sur le banc, comme il se faisait tard et aucun bus n’allait passer, et l’avoir entendu clamer ses quelques vers, cela a excité ma soif de comprendre pour rassasier ma curiosité, et j’avais ce besoin d’entendre de la poésie de quelqu’un d’autre.
Il leva la tête et me lança
-Si vous attendez le bus, il n’y en a plus !
-Non ne vous en faites je n’habite pas très loin, simplement lorsque je vous ai vu dans cette position, j’ai cru que vous étiez malade, d’ailleurs pour ne rien vous cacher c’est votre poésie qui a attiré mon attention, j’ai voulu remplir mon couffin !
Un semblant de sourire se dessina sur ses lèvres.
-La poésie pour moi ; c’est la seule amie que j’ai possédée ; depuis mon enfance, elle est restée ma confidente et mon aimée, lorsque je me sens triste et peiné, je la laisse fuser en moi, comme ça je me sens toujours en bonne compagnie.
-depuis votre enfance dites-vous ?
-Oui mon premier poème a fusé de ma bouche, dans mon village natal, lorsque j’avais six ans, c’est comme qui dirait un quatrain prophétique, je l’avais lancé à la face de l’oncle de ma mère, pour lui annoncer qu’au dernier moment de sa vie, les seuls amis qu’il aura, ce sera les troncs de figues de barbarie qu’il aura planté tout autour de sa maison, toute la famille avait ri en ce moment-là, même lui ; a souri, et m’a caressé la tête, mais le pauvre lorsqu’il est mort, de ceux qui ont assisté à sa mort aucun n’était de sa famille, ni de ses amis, c’est quelques voisins qui l’ont enterré, et ils ont fait ça dans un cadre humanitaire, car ils ne s’entendaient pas avec lui.
Moi j’étais un peu ébahi par ce qu’il venait de me raconter, en mon for intérieur, je me suis demandé ‘’suis-je tombé sur un de ces derviches, qui parfois vous lançait comme ça une petite odelette qui était jolie dans sa rime ‘’la qafia qu’on la dénommait en arabe’’ et qui avait une sorte d’annonce prophétique dans son fond. Je l’entendis ajouter ;
-Je ne suis ni derviche, ni majdhûb, je suis un être normal comme vous, simplement c’est un don de Dieu en moi, et je l’en remercie avec toute la ferveur ; qui sied à sa sagesse !
Je fus stoppé net dans mes pensées, possède-t-il un don de deviner ce que pensent les autres.
-Si je vous raconte tout ça, c’est que ce jour je nage dans la tristesse, si vous n’étiez pas là, ma peine j’aurais continué à la déverser à ma confidente la poésie ; mais vous êtes là, si vous m’acceptez tel que je suis, sinon restons-en là !
-Non vous ne me dérangez nullement, je vous ai déjà dit, c’est ce que j’ai entendu de vous ; comme poésie qui m’a attiré !
-Moi ce qui me hante maintenant c’est tout ce qui passe autour de nous, ces hordes de fous qui se disent agir au nom de Dieu, alors que seul Satan à ce besoin de détruire l’humanité dans son ensemble, il s’en fout pas mal de quel côté elle se trouve, et Satan a ce besoin de s’imposer en alternative pour ceux qui cherchent encore l’issue. Et ce qui me rend furieux, ceux qui devaient dénoncer cet état de fait et qui se confinent dans un mutisme total, et s’agitent à parler d’autre chose.
-Heureusement il y a la mort, et chacun paiera la facture de sa consommation !
-Comme vous dites, mais il leur est demandé dans le livre sacré de dénoncer ce qui est injuste, et d’orienter les gens dans la bonne voie, non de les perturber et les égarer ! Comment peuvent-ils accepter des fous qui prêchent la haine au lieu de l’amour, alors que Dieu est amour, puisqu’il dit à son prophète ‘’ wa arsalnaka rahmatan lil 3alamine’’ ‘’Nous t’avons envoyé miséricorde aux mondes’’
-Chacun est libre de son choix !
-Non je dirais plutôt le chèque en blanc contre le chèque en noir avec plusieurs zéros !
– La vie a ses tournants et ses tourments
Impossible de prendre tous les tournants
Et impossible de se fondre dans tous les tourments
Essayer de faire une halte avec les mots à tous les croisements
Et peindre les tourments avec des mots ciselés et durement
-Tiens vous aussi vous êtes un poète ?
-Non plutôt apprenti-poète, la belle poésie n’est pas de ma chance !
-La poésie qu’elle soit belle ou en deçà de la beauté, seules deux perles offertes par Dieu à l’être humain peuvent l’apprécier, l’œil pour la lire, et l’ouïe pour l’écouter !
-Dans tout ce que vous avez dit tout à l’heure seul le pauvre en souffre de cette situation de chaos ! Viennent ensuite l’orphelin et l’ignorant !
-Le pauvre ; il faut assouvir sa faim, et l’orphelin lui rendre le sourire, est-ce possible lorsque c’est les fous qui imposent la cadence !
-Je dirais plutôt, ils imposent leurs violences, n’est-ce pas eux en ces temps qui augmentent le nombre d’orphelins dans le monde.
– alors que la sagesse nous conseille
Ne laissons pas la larme d’un orphelin couler
Lorsque Dieu nous donne l’occasion de l’essuyer
Ne serait-ce que notre cœur soit peiné
Et de l’écrire sur une feuille de papier
Et de l’offrir au ciel et de la laisser voler
-Oui mais où sont les penseurs, les philosophes, bref tous ceux qui ont les moyens intellectuels pour élever la voix ?
-Ne dit-on du poisson mort c’est la tête qui pourrit la première ; ainsi est-il d’une nation c’est le sommet qui empeste pour atteindre le bas ! Comme on dit aussi : ‘’entre les mains de celui qui le lave, le mort ne peut prononcer un mot’’ !
-Alors
Tout vivant est un mort
Tout mort était un vivant
Chacun doit vivre son sort
C’est la loi de la création
Que Dieu pardonne nos torts
Car on se donne toujours raison
Tous ceux qui se considèrent forts
Doivent payer la caution
– La mort tient notre vie en laisse ‘’par les deux bouts
La vieillesse autant que l’enfance peut prendre l’aire du départ
-mais Dieu nous recommande d’être sincère dans notre dire et dans notre foi, et d’avoir de l’amour pour l’autre, malgré la différence.
-Oui et c’est pour ça lorsque je vois parler les enturbannés qui courent derrière le chèque, je me dis toujours à moi-même ‘’ La religion est souillée par le pérorer des hypocrites !
Mon téléphone portable sonna, on me demandait chez moi, j’avais tardé pour rentrer, je pris congé de l’inconnu avec un regret au fond de moi-même. Son couffin était plein j’aurais pu tirer encore de son fond quelques sagesses ou quelques finesses.

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