Combien vaut l’eau
A vau l’eau

L’eau court, musicale, cristalline, divine, vers le ruisseau, la rivière, la mer…..Me susurre-t-elle à l’oreille lorsque, assis sur le bord, je la taquine de mon bâton, la tranche en courants……

Porteuse de vie, elle vous enivre de sa pureté, de délectation, de ravissement….
Je t’emporte, viens avec moi….je vais te montrer….

Elle m’entraîne en effet dans de sombres coupes gorges où on la nitrate, la mitraille, la bombarde, la maltraite. Qu’à –t-elle fait à l’humanité pour être ainsi martyrisée ?

Regarde ce que vous me faites, vous les hommes, à moi Mélusine, source de vie. Je suis dans un tel état qu’il faut me régénérer, moi créée pour vous faire vivre, vous animer, vous entraîner joyeusement vers une vie ardente et passionnante, vous rafraîchir, vous me faites mourir, la déroute au goutte à goutte.

J’en suis réduite au suicide, à me déshydrater, un comble pour de l’eau…., sinon je vous empoisonnerais ; moi, acteur principal du développement durable, je n’ai plus d’espoir en une vie meilleures, prenez garde.

Je descends au fil du courant et atteins bientôt un moulin aux dents grinçantes et mal plantées qui dévore le grain de ses mâchoires puissantes pour en faire la farine, je suis vraiment bonne pâte.

Regarde, je travaille, je suis utile, je suis la force tranquille.

Plus loin, je pénètre dans une usine d’où je sors dans un état pitoyable et détestable et alors je comprends à quoi peut servir l’eau ; ici chargée d’huile et de détritus, malade à en mourir, à cause de vous, les hommes sans pitié, instruments de la malédiction que la nature supporte avec peine.

Mais l’hôpital où je suis (mal) traitée n’a pas plus bel aspect. Je sors délavée, chargée de mousse, de lessive putride, de savon dégoulinant. Je dégage une odeur inqualifiable, je me décante, repose, assassinée, pestilence en redondance.

L’homme agit ainsi avec sa meilleure amie et je pense alors aux cloaques du Caire, à la vallée des Rois si torride, au Jourdain si disputé, sujet de mille guerres, aux carcasses pourrissant dans le désert libyque ; source de vie manquant si tragiquement et me demande ce que l’eau a bien pu faire à l’humanité pour qu’elle soit ainsi maltraitée alors que, par ailleurs, tant demandée…..

Si vous possédez la réponse, faites le moi savoir par mail…je vous répondrai au fil de mes pensées, émis par courriel.

A mon grand étonnement, vint la réponse  :


«  Ma force tranquille si enviée, laissez-la s’épanouir et vous servir, sinon vous comprendrez vite qu’elle peut se déchaîner et tout emporter. Souvenez vous des tsunami, des inondations, des catastrophes du Bengladesh ; protégez moi, ménagez moi, canalisez moi, dessalez moi, c’est tout un programme, non ?

Alors, vous verrez que je deviendrai votre alliée et vous aiderai à prospérer, je mériterai mon nom, Mélusine, douce fée de l’humanité, j’enchanterai votre table par les bulles, gaz pétillant de mon esprit, douce fée de l’humanité, j’accompagnerai vos agapes et étancherai votre soif. Aidez moi à survivre, je vous en prie à genoux.»

Depuis, j’ai compris que la fée m’avait confié un secret. Elle était devenue mon alliée à jamais.

Je pouvais dès lors régner sur le monde. J’étais devenu l’égal de Dieu grâce à cette eau bénie des cieux.
12/01/07 05/09/08