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     Un Ă©trange baby-sitting....
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Expéditeur Conversation
Taurus
Envoyé le :  6/2/2016 12:02
Plume de soie
Inscrit le: 13/3/2009
De:
Envois: 75
Un Ă©trange baby-sitting....




Un Ă©trange baby-sitting


Chapitre 1


Carla Ă©tait de ces jeunes filles, avec un charme fou, sans que l'on sache vraiment pourquoi.
Ni grande, ni petite, ni mince, le nez court et ses yeux pleins de vie, noir ardent, les cheveux bruns ondulés, pas la coiffure de toutes les filles d'aujourd'hui.
Ses 17 ans lui pesaient un peu et... l'été aussi….
« j'ai beau être ici, il ne m'arrive rien. » pensait-elle tous les jours, « et en plus quand j'imagine que toutes mes amies m'envient ! …. »
Saint-Tropez, Saint-Trop pour les intimes... les plages, la Voile Rouge, le port, les boutiques, les yachts, les touristes à l'affût d'une célébrité,
mais pas une sur le port ... ses parents aimeraient voir BB, elle s'en fichait, elle n'était pas de sa génération. Décidément rien n’allait !

Ses parents ne lui reprochaient rien, mais pour eux, siroter un verre de grenadine avec un livre à la main, avec des moues qui ne voulaient rien dire : cela n’était pas les vacances dont ils avaient rêvé pour Carla.
« On ne peut pas faire plus » articulait sa mère avec son accent
américain. « Peut-être que si » rétorquait son mari, mais la situation n'avançait pas.

Carla venait de laisser tomber son livre : « vraiment trop con...
marre, marre de tous ces hommes qui se barrent... des femmes qui restent à pleurer ! et alors ? L'AMOUR n'existe pas ??? Mais c'est ce foutu livre qui déteint sur mon moral ! Voilà tout ! »
Le livre passa sous sa serviette... et au plaisir de ne plus te revoir !… dans son élan, elle se mit à replier le journal du jour de son père.
Une bagarre s'ensuivit avec les grandes feuilles, qui, pour se défendre, lui noircissaient les doigts, et voilà... le sport… les photos de la maison de retraite, le club de boulistes, les politiques... la météo… l'horoscope... les mots fléchés... arrêtez… rien,… rien ne m’intéresse.
Prise dans ses mouvements désordonnés, une page se détacha
et tomba à terre... Ah ! Non ce n'est pas vrai … les petites annonces ... c'est le pire !

En la ramassant, elle vit Saint-Tropez en caractères gras :
Couple Ă©tranger recherche baby-sitter
pour quelques soirées par semaine
parler anglais couramment est obligatoire
rémunération à déterminer
pour un échange téléphonique, appeler le 04 94 02 05
ça alors ! Un échange téléphonique... c'est bien dit ! pourquoi pas ?...
je parle américain grâce à maman, suédois grâce à papa et français bien sûr
ça devrait suffire !
Carla lisait et relisait cette annonce, pour découvrir un message caché.
Surveiller le sommeil d'un enfant ? Pas de problème tout de même, j'ai fait du scoutisme !
Sans plus réfléchir, Carla, le journal dans une main et le téléphone dans l'autre, s'engouffra dans sa chambre.
Son portable, un peu trop muet ces jours derniers, avait tout d'un coup des allures de noblesse... Carla venait de le jeter sur le lit, après avoir laissé dans le combiné un 'au revoir' des plus sophistiqués pour être dans le ton de la conversation qu'elle venait de terminer à l'instant :
- allo ! je réponds à votre annonce, je suis Carla...
- merci Mademoiselle, veuillez m'excuser de vous interrompre, mais c'est moi qui pose les questions !
et aussitôt, dans un anglais très chic, une série de questions pas forcément utiles
pour garder un bébé. Elle répondit sans hésiter.
« Votre anglais est parfait, mademoiselle Carla, je ne me suis pas encore présenté : je suis le régisseur de Madame et Monsieur, notre chauffeur passera vous prendre ce soir à 20 heures précises, soyez exacte... bonne journée mademoiselle. »
Carla avait la bouche en O, elle ne pouvait plus la refermer... mais nous n'avons pas parlé de rémunération... tant pis... pas le moment... une voiture viendra me chercher... la classe !... mes amies ne le croiront pas...
tout Ă  coup, un choc dans tout le corps...
mais ce n'est pas possible je n'en ai pas parlé à mes parents… impensable !
Mais comment j'ai pu ne pas leur demander leur avis ?
Sa mère, toujours très droite dans ses raisonnements était furieuse :
« mais comment as-tu pu leur dire OUI, sans nous en parler… nous sommes là, à côté et tu ne nous dis rien ! »
Evidemment, évidemment j'aurais dû le leur expliquer … mais dans la précipitation...et pour une fois que je faisais enfin une chose seule !!! »
Son père se montrait plus conciliant ...
« c'est fait, n'en parlons plus...mais je veux être là, quand la voiture arrivera ! »
« Oh ! non, s'il te plaît, je serais trop ridicule »
une courte négociation permit aux parents de regarder derrière la haie, ce qui d'après Carla, la sauverait du pire :
être prise pour un bébé surveillant un autre bébé !

Assise dans un immense fauteuil, très haut, très design, très laqué, très blanc, trés... les superlatifs lui arrivaient comme ça, comme s'il n'existait plus de mots simples…
« voila votre en-cas, je le pose sur la table basse... »
oui, mais quelle table basse !! turquoise avec pour pied une énorme boule translucide... je n'ai jamais rien vu d'aussi beau … depuis une heure, installée dans une jungle d'impressionnantes plantes vertes où l'eau de la fontaine d'ardoise bruissait légèrement... des baies vitrées s'ouvraient sur des paysages différents....des rochers... des palmiers... couloir de nage au carrelage noir... entouré de transats recouverts de volumineux coussins ivoire... même dans les plus beaux magazines, elle n'avait jamais vu ça... insoupçonnable !
Et pourtant, il y avait moins d'une heure, devant sa villa :
« Bonjour mademoiselle Carla, avait dit avec cérémonie le chauffeur, ayez l'obligeance de monter.. .il retenait la portière ouverte...
Carla bredouilla ' bonsoir' et s'engouffra prestement dans une Buick blanche, rutilante... non ce n'est pas vrai... je n'y crois pas... elle évita soigneusement le regard de ses parents derrière les lauriers.
Pas 20 minutes, pour atteindre le plus bel endroit de Saint-Tropez,. le portail
s'ouvrit sur un parc méditerranéen à couper le souffle. Il avait toutes les senteurs de la Provence, si réconfortantes quand le cœur s'emballe trop vite.
« Mais qu'est-ce que je fais là ? »
Déjà on montait l'escalier vénitien, et l'arrivée sur une terrasse de rêve avec la mer
sublime en toile de fond, le mobilier, design italien, laissait de l'espace,
présent mais pas envahissant... comme il se doit !

Une baie vitrée s'ouvrit et Carla pensa à une apparition...
dans son émoi, elle ne formulait plus des phrases, mais seulement des mots….
elle est belle... resplendissante… quelle classe… gracieuse... adorable...
Carla essayait de lui rendre son sourire chaleureux... éclatant comme une pub télé... les cheveux très fins... blonds... comme une pub télé… tout semblait irréel.. une reine ! et une vraie !...

« Hi ! Carla nice to meet you, et sans plus attendre, Madame donna ses consignes... bébé dort, surtout ne le dérangez pas ... s'il se réveille, le Babyphone est là, sur la console... si vous l'entendez, appelez immédiatement mon régisseur.... c'est cette touche rouge... il viendra avec vous dans la chambre, surtout n'y entrez jamais seule, c'est compris … bien compris ???
Le sourire s'Ă©tait fait plus froid, Carla avait bien compris.
Un instant plus tard, une somptueuse Bentley traversa silencieusement le parc. Carla avait vu le chauffeur tenir la portière à Madame, mais elle n'avait pas aperçu Monsieur.
Le portail se referma sur les lumières féeriques de Saint- Tropez...
Carla restait avec le luxe de cette villa… dans un univers de rêve
Elle n'avait pas sommeil, le chauffeur la raccompagnait déjà sans un mot,
La Buick traversait Saint -Tropez, des gens se retournaient sur elle, admiratifs.
Ses parents l'attendaient évidemment... « et alors ?? »
d'un même élan. Carla évita leur regard ... je n'ai même pas vu le bébé !



Chapitre 2



C'était la même émotion ! Pour la deuxième fois, Carla se retrouvait devant l'impressionnant portail, assise royalement dans la Buick blanche, elle était de retour, moins de 3 jours après... bien qu'elle ait l'impression de ne pas avoir quitté ces lieux magiques, tant elle les revivait tous, à chaque instant…
Stupeur ! Elle ne reconnut pas le salon… : les meubles,
les couleurs, les éclairages... plus de fontaine, plus de plantes, un gigantesque bouquet extraordinaire....Je rêve éveillée, ce n'est pas possible... mais c'est une pure merveille…
La table basse avait disparu, remplacée par deux jarres recouvertes d'un verre très épais, le Babyphone était posé dessus.

Depuis le début de la soirée, Carla admirait tout le changement
il était total... elle était assise sur une méridienne violine, et, comme l'autre fois, le Babyphone ne se manifestait pas... 'ne dérangez pas bébé... il dort... '
Elle se retourna brusquement... Madame était devant elle ... arrivée silencieusement, sublime, les cheveux plaqués... on ne voyait plus que le brillant de ses yeux, le fourreau noir moulant soulignait sa silhouette gracile...
une fée peut-être ?

« je vous ai fait peur ? » Carla pensait rêver éveillée...
« vous pouvez rentrer chez vous, bébé a été calme, je suppose ?... le régisseur ne m'a pas appelée.... » Carla hochait la tête... oui, c'est une fée !
L'enveloppe qu'elle lui tendait, Ă©tait lourde.

Le chauffeur ramena Carla, ses parents naturellement l'attendaient :
« ahurissant ! » s'exclama son père... changer tout le décor en quelques jours ... ahurissant...répétait sa mère... et tu n'as toujours pas vu le bébé ?… mais c'est une fille ou un garçon ?....
Maman je te le répète, je ne l'ai jamais vu !




Chapitre 3




Carla, pour la troisième fois, contemplait son 'en-cas' probablement servi pour une princesse. Tout était raffiné… : de petites bouchées
posées harmonieusement, sucrées, salées… verrines multicolores... petits chocolats
sur leur papier doré… les mille et une nuits sur un plateau…
Elle se laissa tenter pour la première fois, persuadée que si
Madame Ă©tait une reine, elle Ă©tait devenue princesse.
Toute à sa gourmandise, Carla n'avait pas vu partir la Bentley, regrettant le cérémonial de la sortie et surtout, une fois encore, elle n'avait pas vu Monsieur !
Elle reposait son verre d'eau fraîche, quand il lui sembla entendre un bruit… le Babyphone !!!
D'un bond, elle courut vers le couloir, bousculant tout sur son passage… elle se rendit compte qu'elle n'avait pas appelé le régisseur … tant pis ! la touche rouge était trop loin et surtout elle venait de tourner à droite, et déjà sa main actionnait la poignée de la porte de la chambre de bébé... elle entendait la recommandation de Madame :
« N'entrez jamais seule, vous m'avez compris » … et pourtant Carla entendait des pleurs à travers la porte.
Elle l'ouvrit sans plus réfléchir et entra…

Le spectacle Ă©tait d'un autre monde !!
De très nombreuses bougies de toutes dimensions tamisaient la lumière ocre de la chambre, créant un halo mystérieux… Carla resta pétrifiée !

Près d'un grand rideau de lin, lovée dans des coussins… Madame…
cheveux défaits... une longue robe blanche très ample... des larmes silencieuses… les yeux noircis de rimmel… avec une douceur infinie... dans ses bras…


Madame berçait une poupée habillée d'une longue robe de dentelle...
















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orangelle
Envoyé le :  7/2/2016 12:41
Plume de platine
Inscrit le: 23/6/2005
De: Provence
Envois: 3590
Re: Un Ă©trange baby-sitting....
j'ai beaucoup aimé les descriptions, le cheminement psychologique
qui va crescendo un peu comme un thriller !....
vraiment bravo pour cet "étrange baby sitting"..... très étrange en effet !...


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poèmes protégés
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Taurus
Envoyé le :  13/2/2016 17:23
Plume de soie
Inscrit le: 13/3/2009
De:
Envois: 75
Re: Un Ă©trange baby-sitting....
Orangelle, fidèle à mon style, voilà qui me flatte
immensément et connaissant ton propre talent,
me touche au plus profond .Merci.



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