Un style de poème déjà vu chez Baudelaire avec "la chambre double" dans le spleen de Paris ou encre chez Voltaire avec "Le crocheteur borgne" dans Zadig et autres contes. Je n ai donc rien inventé lol
Gramacho *
Tout ici paressait ; dans l'air, la candeur, L'élan de l'horizon et son envolée fière Qui tout là-bas berçaient, par brassées, la splendeur Loin, très loin des haillons et des bribes d'hier.
Glorieuse alchimie quand la peine, étouffée Se perd dans l'azur ; le ciel ici, se fête J'y sème mon houka** dans de larges bouffées Noyé dans les rayons que le soleil apprête.
C'est dans ce flot luisant, ces suaves alluvions, Sous ces chaudes ondées que se meut la fusion Des tziganes passions pour Carmen chez Bizet La sagesse des Sphinx, les tombeaux à Gizeh.
Pour qu'enfin, Pharaon, tailler ma part du lion Dans les rugissements de ma noble nature Et vers le firmament, souffler loin mes galions, Subtilités de vent au plus haut des mâtures
Qui vont dans le gros temps, en savants aiguilleurs Me pousser sur la voie du nuage rieur Comme un chat vagabond qui, entrant dans l'aura Réapparaît Persan ou de robe angora.
D'ivresse, le bateau, vers le vaste, appareille Mais l'ondine rejoint l'eau trouble de la fange, L'éphémère des nues, des nymphes et des anges Et le goût du Regret si pâteux au réveil.
Emergeant d'un Léthé où j'étais alité, Les revoilà bancales, triste réalité, Les lames à tirer ici à Gramacho, Les suées d'un Brésil aux si sombres tarots.
Finis les rois félins et mon preux narghilé, Ses fumées dispersés aux radieux Levants Ils reviennent en grognant tous les spectres, devant Tel un chien décharné qui me montre les dents.
Ca y est, vous voilà, mes compagnons de doutes Incertains du demain, la survie est la route Les désarticulés qui creusez les ornières En poussant, abattus, vos chariots de misère.
Dans l'atour, miteux, ou faste d'apparat Tout homme est encordé à son destin pentu Chaque jour vers l'Enfer, nous descendons d'un pas Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent***
Anamorphose
* Gramacho : décharge à ciel ouvert de Rio de Janeiro qui attire chaque jour des centaines de miséreux venant y arracher leur survie. Cette décharge vient de fermer laissant tous ces travailleurs dans une misère encore plus profonde...
** Houka : pipe indienne, voisine du narghilé, turc
*** 2 dernièrs vers empruntés à Baudelaire dans "Au lecteur" poème d'introduction des "Fleurs de mal"
---------------- Je suis un cartésien désabusé : Je pense, donc je suis mais.... je m'en fous
La solitude aspire dès lors où nous aspirons à être solitaires
un voyage complexe et porteur je suis juste un peu désenchantée par cette note trop pessimiste de la fin, belle lecture en tout cas merci
---------------- "De même que le diamant n'est qu'un morceau de carbone tant qu'il n'est pas cristallisé, l'homme n'est que néant tant que la pensée n'a pas taillé son âme comme un joyau dont chaque facette célèbre la lumière éternelle" Christian Bobin
Merci a vous Claudeb et Camuse pour votre passage... C'est vrai que j y suis allé fort avec la chute lol. Il faut prendre des petits bouts en poésie...
Merci Flamandine, j'essaie de mettre du mouvement dans mes poèmes mais pourquoi dénigrer votre talent de poétesse? Suis un poète du dimanche, loin d'avoir moi non plus cette once dont vous parlez
Amitiés Anamorphose
---------------- Je suis un cartésien désabusé : Je pense, donc je suis mais.... je m'en fous
La solitude aspire dès lors où nous aspirons à être solitaires
Merci pour cet impressionnant partage . Difficile de te suivre.... trop complexe pour moi mais c'est vraiment du beau travail poétique et de belles références à nos Maîtres de poésie
Luz
---------------- Les gens vivent comme s'ils n'allaient jamais mourir... Et meurent comme s'ils n'avaient jamais vécu. Le DalaÏ Lama
Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit… Khalil Gibran
surprenante ... cette plume.. très belle composition... c'est vrai qu'il faut lecture et relecture...pour ne rien oublier...car il faut de l'imagination, autant que l'auteur pour voir toutes les images qu'exprime cette forme de poésie..
Anamorphose ,je me rappelle de la chambre double de Charles Baudelaire et de ce long texte que la prof avait demandé d'analyser ! Tes mots sont ciselés et précis comme j'aime et les images courent le long de l'imagination et ce qui est beau chez les poètes et encore plus chez les poétesses ,c'est que l'on peut s'approprier et vivre vos mots ,je n'ai jamais goûté au Narguilé! Amitiés de plume Marc
Tout comme Alanna je trouve que ton poème ferait une belle chanson Bravo pour ce superbe poème Je ne sait pourquoi mais ton explication du titre me fait penser au livre "Viva favela" de joaquim Melo (quand les plus démunis prennent leur destin en main)
Je découvre votre plume avec surprise,votre texte est spécial, Et pourtant familier, Oui l'homme est encordé dans sa vie misérable ,mais , Nous sommes tous misérables dès la naissance.
une plume qui dénonce toute la misère te la noirceur du monde ou tout du moins de certains endroits et population laissés a l'abandon un très beau travail de poésie bravo mes amitiés yohann
---------------- la nostalgie est un bouquet de fleurs enfoui au fond de votre coeur , qui vous embaume quand remontent les souvenirs du bonheur , yohann