Tu es toujours là , tu n’as rien d’une fontaine,
Qui brille aux reflets blondins.
Rouillée est ta manivelle.
Celle que jadis, je faisais pirouetter à deux mains.
Ton engrenage tournait et faisait crisser ta chaîne.
Mais il remontait à ma hauteur, ce seau rempli de ta bonne eau.
Ce breuvage désaltérait les gamins assoiffés
Qui tournaient toujours avec effort, écoutant ta complainte.
Le temps a fini par ronger tes pierres.
Les ronces ne t’ont guerre épargné,
Et comme un rival, t’ont sauvagement ligoté.
Tu étouffes sous cet amas de verdure.
Ton corps écorché par le temps qui perdure,
Résiste presque avec arrogance.
Abandonné et solitaire, tu pourrais avec bienveillance
Abreuver encore les passants de ton eau limpide.
Un jour, pourtant, tu disparaîtras complètement
Et personne ne se souviendra que tu étais là .
Émergeant ton eau précieuse de tes entrailles,
Pour étancher la soif de cette marmaille
Qui dansait autour de toi en chantant.
Puits oublié, puits d’espérance.
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«La poésie est cette musique que tout homme porte en soi.»