Sur le fil de la vie un instant suspendus
Funambules chétifs nous courrons les pieds nus
Juste, au-dessus de l'eau, sur un roseau tremblant
Nous sommes libellule à la crête du vent
Nos ailes d'avortons n'atteignent pas les cieux
Que moutonne en riant l'ange facétieux
Lorsque finalement la comédie s'achève
Nos mains laissent couler, et le sable... et le rêve !
Les lourds galets polis de la déliquescence
Recouvrent de graviers notre chemin d'errance
Hélas, qu'espérions-nous? ridicules passants
L'instant marche sans nous au bras d'autres avants
Aux cœurs d'autres après, nous n'habiterons plus
Au courant d'autres jours nous aurons disparus !
De ce rai de soleil effleurant l'océan
Nous sommes la lueur qui s'éteint au couchant
De ce fil d'un destin longuement paumoyé
Nous sommes le tissu qu'on ne peut repriser
Qui pourrait empêcher quand retentit l'horloge
Que ce fil de la vie ... enserre notre gorge ?