Lorsque j’ai regardé cette tête sans corps
Prise dans le formol à la morgue de Lille,
Au bourreau, j’ai pensé pris par les blancs décors
Que le guillotiné hantait l’âme tranquille.

Ses cheveux étaient blonds et lui couvraient le cou ;
Sur son visage calme, il portait les moustaches,
Cet homme ne souffrant plus maintenant du coup
D’une lame livide au sol laissant des taches.

Cette tête trempait dans un étroit bocal,
Un de ceux que l’on offre au poisson domestique ;
Elle semblait sereine en ce faux piédestal
Mais ses yeux étaient clos comme ceux de l’éthique.

Qu’avait-elle donc fait pour mériter ce sort ?
Quel crime méritait ce rituel sauvage ?
Qui fut donc soulagé de voir cet homme mort ?
Les plaignants ! Le parquet ou les jurés en rage !

Tous avaient soutenu le docteur Guillotin ;
Ils avaient condamné par la croyance intime,
Choisissant le panier pour l’horrible destin,
Criant au tribunal : « Le coupable ! On l’écime. »

Et le juge a rendu l’implacable verdict !
Sans sourciller d'un oeil, cette atroce sentence
Qui le mettait au rang du cruel le plus strict,
Celui ne respectant jamais une existence.

Saisissante vision que cette tête dans le formol, Plus horrible que les crimes commis par cet homme, un très beau texte.

Amitié

Jean-Pierre.

Merci Coburit

C'est du vécu. Cela se passait à l'institut médico-légal de Lille,
dans son musée où beaucoup de pièces à convictions étaient
exposées mais personne ne pouvait visiter. il y avait aussi des
foetus, un bocal renfermant des siamois, etc...
J'ai pu voir tout cela car je connaissais les concierges.
J'ai vu aussi la morgue, les cadavres en attente d'autopsie.
Une enfant de trois ans qui avait été tuée par son ordure de
beau-père avec la complicité de sa mère, un homme à moitié
dévoré par son chien, celui-ci étant resté seul après la mort de
son maître, des vers sortaient de partout.
Une jeune fille de seize ans dont la gorge exposait un immense
sourire ensanglanté, etc...

En fait, il y avait deux têtes, chacune dans un bocal. Celle dont
je parle était encore belle, sereine. Elle avait de longs cheveux
et des moustaches 1930.
L'autre était sans cheveux. Les yeux ouverts et la bouche béante
prouvaient la peur horrible que l'homme avait dû ressentir.

Cordialement...si je peux dire après cette réponse