Dumnac a écrit :
On dit toujours : « C’est le vilain petit canard,
Il est vraiment affreux, trop grand et trop bizarre ! »
Sa mère a beau crier : « Laissez donc mon petit ! »
Ils disent tous en chœur : Nous n’en voulons ici ! »

« Mais cesse d’écouter, te dis-je, ces connards,
Bien mieux que tous les autres, tu nages sur la mare !
Ne les crois surtout pas, je t’en prie, mon chéri,
Autant que tous les miens, je te trouve joli ! »

La vie de l’oisillon fut un vrai cauchemar,
Si la maman pensait : « Ça s’arrangera plus tard. »
Il en avait assez, lui, de ces moqueries,
D’être, à la basse-cour, en butte aux railleries.

Souvent le gros dindon lui rentrait dans le lard,
Quand il était près d’eux, ils cherchaient la bagarre,
Un jour au grand marais il passa une nuit,
Mais les canards sauvages n’étaient pas plus gentils.

Toutes les oies sauvages étaient sur le départ,
Il eut affaire alors à un méchant clébard,
Quand un coup de fusil, Pif ! Paf !, a retenti,
Il s’est dit qu’il n’aurait qu’une petite vie.

Une grêle de plombs sur l’étang s’abattit,
Tapi dans les roseaux le canard attendit,
Et il en ressortit, deux ou trois heures plus tard,
Pour quitter le marais, lorsque tomba le soir.

Une pauvre masure : il entra par hasard,
Là une bonne femme vivait tout à l’écart,
Elle avait un gros chat qui s’appelait Fifi,
Cocote Courtes Pattes, sa plus fidèle amie.

Mais ce n’était pas lui qu’elle eût voulu avoir,
Elle souhaitait avant tout mieux garnir le pondoir,
Pour une belle cane, sans doute, l’avait-elle pris,
Elle lui dit : « Vas-y, ponds ! » Mais, Hélas, rien n’y fit !

Du côté de l’étang un jour il alla voir,
Et ni le chat, ni la poule, bien-sûr, ne pouvait croire
Que de plonger dans l’eau l’envie lui avait pris :
Et vite, il s’envola, très loin de leur mépris.

C’est là-bas, sur un immense lac, qu’il put voir
Des oiseaux aux plumes d’ivoire,
Qui nageaient en parfaite harmonie,
Ils lui dirent qu’il était chez lui.

Vraiment, ce fut un jour de gloire,
Jamais il ne broya du noir.
Il faut ignorer les lazzis,
Les graffitis, les croix Nazi.

La différence n’est une tare,
Que l’on soit dindon ou bien jars,
Que l’on soit chassé ou banni,
On peut trouver son paradis.


*Ma petite-fille, Clara, étant en Sixième, j’ai eu l’occasion de lire avec elle, plusieurs contes de Grimm, Perrault et d’Andersen. "Le vilain petit canard" m’inspire beaucoup. Les contes de l’auteur danois sont, en général, assez tragiques, contrairement à celui-ci.

Dumnac