C'est un chapeau usé, un vieux chapeau de paille
Retrouvé dans la malle aux objets oubliés
Il a perdu sa forme et sa couleur grisaille,
Il manque le ruban que tu avais noué
A peine je le serre entre mes doigts tremblants
Que mon cœur s'affole revoyant le printemps
Alors les yeux mi-clos des images reviennent
Enchanter ma mémoire, en aria lointaine...
Je revois ton jupon qui s'émouvait au vent
Ta main qui le retient... en franchissant le pont
Et puis tu viens à moi, corps gracile ondulant
Et te pends à mon cou pour m'embrasser le front!
D'un baiser encor m'honorent de tes lèvres
Là , au coin de ma bouche ourlée de douce fièvre
Te serre sur mon corps à chavirer le ciel
A faire trembler le sol, rougir le soleil!
Ô! Dieu que je t'aimais! ma douce fiancée
Dont les nattes tressées, odorant de jonquilles
Dansaient sous le chapeau un si joli quadrille
Ô! Dieu le frais bonheur qui s'y trouvait niché!
Tu me surprends ici, dans ce sombre grenier
Et je sens une larme étouffée de regrets,
Rouler au bleu sillon de mes yeux alanguis
Quand passe ton reflet tout habillé de pluie!
C'est un chapeau usé, un vieux chapeau de paille
Retouvé dans la malle aux objets oubliés
Il a perdu sa forme et sa couleur grisaille,
Il manque le ruban que tu avais noué
Rosaly