Oasis des artistes: Poésie en ligne, Concours de poèmes en ligne - 6528 membres !
S'inscrire
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 


Mot de passe perdu ?
Inscrivez-vous !
Petites annonces
Qui est en ligne
78 utilisateur(s) en ligne (dont 57 sur Poèmes en ligne)

Membre(s): 0
Invité(s): 78

plus...
Choisissez
Dans un parc de Montréal
HĂ©bergez vos images
zupimages
Droits d'auteur


Copyright



Index des forums de Oasis des artistes: Le plus beau site de poésie du web / Poésie, littérature, créations artistiques...
   Contes et nouvelles (seuls les textes personnels sont admis)
     Monsieur Michel
Enregistrez-vous pour poster

Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant | Bas
Expéditeur Conversation
brirob
Envoyé le :  7/2/2014 15:55
Plume d'argent
Inscrit le: 14/11/2011
De:
Envois: 357
Monsieur Michel
Monsieur Michel

MONSIEUR MICHEL, le charron qui avait repris l’atelier de mon grand-père relevait le bord de son béret, l’air inquiet devant le problème que je lui soumettais : ma voiture préférée, de bois, naturellement, gisait, brisée dans un mouvement d’énervement, roues souffre-douleurs qui n’étaient pas restées de bois sous les assauts de ma furieuse attaque… et clic et clac et claque.

Il s’accordait ainsi un délai, il réfléchissait, soupesait les solutions en même temps que l’objet et me disait alors :

« Avant tout, je dois cercler cette roue de charrette, veux-tu me donner un coup de main ? »

J’acquiesçais d’un petit oui timide.

Je tournais alors la manivelle de la petite forge qu’il avait installée dans un local annexe, sur la terre battue et rebattue par tant de générations de charrons qui se consacraient, siècle après siècle à l’adoration du feu.

Je devenais Lucifer, les yeux écarquillés, éblouis par le charbon de bois qui crépitait, crachait ses étincelles : le fer rougissait, s’épanouissait, se dilatait, semblait s’émerveiller de ma force et de ma détermination dans l’effort.

Devenu soldat du feu, je produisais la flamme, j’étais le damné malin mais je contribuais alors au progrès de l'humain.

Monsieur Michel, amusé, m’encourageait de petits signes de tête et émettait, de temps à autre un grognement de satisfaction qui voulait dire, semble-t-il, mes compliments, Robert.

Secrètement, il admirait mon acharnement à l’aider dans son tourment ; il me remerciait à sa façon et suscitait un sentiment de fierté : j’étais utile.

«  Tu vois, je n’ai que deux mains, merci… »

Peu à peu, un dialogue s’instaurait entre l’objet et moi. J’accélérais le rythme ;le morceau de métal rougissait, mes joues, en même temps, s’empourpraient ; lorsque, essoufflé, je ralentissais le tempo, le cercle métallique pâlissait, de regret, pensé-je.

Il semblait me dire :

«  Tu m’abandonnes à mon sort, tu es las de cet infâme bout de métal à son destin, celui de maintenir en place les bouts de bois formant cette roue ; regarde comme tu me fais du bien, je rougis de plaisir ; observe mon teint de satin : je vais enfin servir à quelque chose ; tu vois, je réponds à tes souhaits, je serai bientôt prête à serrer, à entourer, à encercler, je serai vivante….pour un temps, seulement. Le charretier en a tant besoin pour parcourir les chemins de son gagne-pain. J’étais obscur, rouillé, oublié dans un coin de l’atelier, je vais enfin servir, je vais pouvoir faire grincer l’essieu sur les durs chemins creux qui lui sont dévolus. Je suis ressuscité par le feu, magie du charron, le Wagner de la légende du Walhalla, le forgeron doté de pouvoirs magiques par les peuples primitifs reprend sa place au paradis des artisans si méprisés de nos jours. »

Mes joues devenaient aussi rouges que le métal qui refroidissait, embrasant la roue en l’embrassant : le bandage épousait la roue pour la vie mais…
.
Mon rêve s’estompait d’un coup, brisé par la voix de Monsieur Michel qui rabattait son béret d’un coup sec sur son front dégarni – jamais je ne l’ai vu sans couvercle, je veux dire, sans couvre-chef ; peut-être le conservait-il la nuit, dans son sommeil – je ne le saurai jamais ; d’un naturel courtois, je ne me suis jamais permis l’outrecuidance de le lui demander.

«  J’ai trouvé la solution à ton problème »

Il allait alors chercher un morceau de bois dans une de ses resserres, réparait le joujou brisé en un tournemain et me le rendait, triomphant, la petite roue que je n’avais pas ménagée tournait à nouveau sur son axe. J’avais retrouvé le paradis de casse-noisette.

«  Tiens, voilà, c’est réparé, je te devais bien cela ; tu m’as grandement aidé, je te remercie. Seul, je n’y serais pas arrivé » disait-il, le souffle égal.

Fou de joie, rouge de plaisir, je courais raconter mon exploit à ma grand-mère qui n’en croyait pas ses oreilles. J’étais si récalcitrant à mettre la main à la pâte … quand elle préparait la tarte pour la ducasse ….la fête de la petite ville que je n’ai jamais quittée : deux fois l’an ou à Noël, quand le Père du même nom ne faisait pas grève pour fait de guerre et acceptait de déposer une orange dans ma galoche à semelle de bois.

C’était alors un peu de joie dans ma demeure.

727 mots
Le 21/1/11

pateyar
Envoyé le :  12/2/2014 11:54
Plume d'or
Inscrit le: 9/10/2013
De:
Envois: 1339
Re: Monsieur Michel
j'ai adoré ! pas de fautes toutefois je ne connais pas cette façon d'écrire :pensé-je. merci de ton explication bisous robert beau travail que ce noble métier ! pat


----------------

brirob
Envoyé le :  4/4/2017 11:11
Plume d'argent
Inscrit le: 14/11/2011
De:
Envois: 357
Re: Monsieur Michel
Amie,

Mille mercis pour ce compliment
Qui agit sur moi comme un aimant
Et me rend l'ardeur de mes printemps
Lorsque c'Ă©tait la guerre des manants

Rob
Par conversation | Les + récents en premier Sujet précédent | Sujet suivant |

Enregistrez-vous pour poster