Bonjour
Voilà bien longtemps que je n'avais lancé l'encre sur cette plage.
Dans un coin de la chambre, un téléviseur ronronne. Un tsunami d’image s’en échappe, me submerge, m’enveloppant de sons et de couleurs. La tête posée sur un oreiller de morphine, je papillonne de rêve en odeurs, de douleurs en pleurs, de joie en rire. Je vole ainsi de nuages en couché de soleil jusqu’au ciel d’étoiles puis me repose contorsionné dans mon lit suant et puant. A mes cotés, le chat Calinou profite de la douceur caressante de la polaire qui me couvre. Il ronronne aussi.
Sur ma droite, une fenêtre. Au-delà la vitre pluvieuse, des arbres aux visages d’automne. Leurs branches éperdues giflent le vent avec violence. Bourrasques. Je frissonne dans les draps imprégnés et sangsues. Eclairs ! Leurs fulgurations illuminent d’obscurs recoins oubliés. Je clos les paupières, fines et dérisoires barricades. Trop tard, les fantômes s’échappent.
La tête posée sur un oreiller de morphine, je découpe la nostalgie suivant les pointillés. Et les feuilles s’envolent, valse brune et rouge parsemée d’éclats de vert. Ainsi je volète de souvenirs en voyage. Les cheveux aux vents en haut de la colline, je siffle de bonheur libéré face au garçon au poing levé. Le dos collé à l’écorce, je caresse les sillons écorchés. Une brume énamourée m’emporte sur ce lit d’amour. Des perles de piano s’épanchent vers ce tremblement de voix douce et grave. Fiona Apple me lave. Je m’évapore.
Ce morceau m'a inspiré ce texte
http://www.youtube.com/watch?v=vsO0Lds94yU&list=PLtmtLBaMmk5YrA6qfYNAIwur2e0bT7GA0