L'EMIGRANTE...
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J’avais des rêves fiers et pour vous seul, conçus.
J’espérais les mêler à mes jours misérables.
Je vous avais donné! Mais aviez-vous reçu ?
Vous aviez de l'esprit l’âme imperméable.
Ce "Vous" qu’était le vôtre qui me servait d’asile
Dont je forçais la porte avec quelque douceur,
Soudainement se ferme, condamnée à l’exil
Je devenais une ombre sous le poids de l'erreur.
Et je vais maintenant sans trêve, sans histoire,
Semblable à l'émigrant sur la terre inconnue,
Avec au cœur un hymne dont je connais la gloire,
Mais qu'il faut oublier pour n'être point, l'intrus!
J'étais la terre mère où germait l'espérance
Semant dessus ma peau ses graines tournesol,
De soleil et de miel j'étais la délivrance
Qui donnait à mes yeux de merveilleux envols.
Et j'attendrai cet aigle au regard si perçant
Lançer dessus mes pages un œil inquisiteur,
Terrée dans l'univers des poètes aimants
J'écouterai son chant, celui qui vient du cœur.