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     un amour blanc Ă  Florida (suite)
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Expéditeur Conversation
amanzouy
Envoyé le :  12/6/2013 17:47
Plume d'or
Inscrit le: 13/10/2008
De:
Envois: 1126
un amour blanc Ă  Florida (suite)
Après une absence, je reviens à Oasis ; notre patrie poétique et littéraire par excellence, pour poster la suite de mon premier Roman « un amour blanc à florida », ce Roman raconte l’histoire d’un petit enfant Amazigh du sud du Maroc, qui va faire ses études en ville, ce paragraphe est le début du voyage.
Dans une autre lecture le Roman traite plusieurs thèmes ayant relation avec les différences culturelles que connaît le Maroc pluriel et qui au lieu de devenir un chaînon fort pour relancer les relations Humaines enrichissantes, elles deviennent un handicap qui cause une crise de communication qui mène directement à une crise identitaire.

Un amour blanc Ă  Florida (suite)
Un silence mortel remplaça le vacarme étourdissant que causaient les cris du petit enfant qui disparaît petit à petit alors que la grande et luxueuse voiture de marque américaine s’éloigne en laissant derrière elle un brouillard énorme de poussière qui empêchait le petit garçon de jeter ses derniers regards d’au revoir aux lieux où il a grandi, cette déception l’irrite et lui donne une force inépuisable de cris, de pleures et de chagrin…
• Fais-taire ce garçon avant que son cœur le fasse
Demanda le Patron à son chauffeur, en fin Abdel n’est pas seulement un chauffeur il est aussi le contre maître, le confident, le bras droit et le conseiller du Patron. Issus de la même région de Tafraout, ils se sont rencontrés à Casablanca, Abdel était encore jeune, beau, intelligent et heureux, il avait une superette au quartier Bourgogne, habité en cet époque par des européens qui aimaient tous Abdel tellement il était serviable, propre avec un talent humoristique inné.
Devant la superette d’Abdel il y’avait un petit jardin avec un espace rasé que les Européens utilisaient irrégulièrement pour jouer aux pétanques. Abdel un rifain de Tafraout qui n’avait pas la chance ni le temps ni les moyens pour jouer durant son enfance, jusqu’à l’âge de trente ans, il ne croyait jamais qu’il arriverait encore un jour ou il pourrait déguster le plaisir de jouer.
Tout a commencé par l’amitié qui le liait à Simon, son ami du quartier et un fou passionné des pétanques. Le soir quand Abdel ferme sa boutique, il joue au foot avec les autres commerçants du quartier, la route n’était pas sollicitée par les véhicules vue qu’elle était cachée entre les quartiers, une bonne occasion pour ces rifains commerçant qui travaillaient durs comme des mineurs ; ils se levaient avant tout le monde et dormaient les derniers, le seul moment qui leur reste c’est le soir quand tout les rideaux sont tombés, ils se réunissaient et commençaient à taper au ballon en courant de tout sens et en criant tous à la fois: à moi ! À moi !
Abdel absorbé par les souvenirs lointains qui lui rappelaient les années trente, n’entendait presque pas les cris assourdissants de son petit frère qui continuait de pleurer en hurlant, soudain Abdel réveillé par une secousse marqua un arrêt brusque et retourna vers son petit frère assis derrière, il le fixa avec un air de colère et lui dit :
• Arrête de pleurer si non on te laisse ici et les loups viendront te dévorer
Le petit garçon qui avait toujours peur est maintenant terrorisé, il avale ses larmes, il étouffe ses cris et plongea son visage dans le cuir du siège arrière de la voiture. Abdel lâcha le frein à main et démarra en douceur après avoir allumé la radio, une musique douce avec la voix mélodique du Raîsse Hmad Amantag qui chantait « IMOURIG IGWZ IKALN » et qui disait :
« imourig igwz ikaln ! imourig igwz ikaln !
« L’amour ! Le chant ! La passion ! Descendirent la terre et s’engouffrèrent dans les ténèbres souterraines ! »
akki aawn rebbi a yan ihoubban ihwawiyn !
“ Que Dieu te vienne en aide oh toi l’amoureux”
Imourig igwz ikaln»
Accompagnait tristement les étouffements du petit frère ignoré derrière par les deux voyageurs, tellement ces lieux interpellaient leurs mémoires d’origine, ils étaient comme fascinés par le chant mélancolique du poète amazigh, tout en étant présent corporellement, ils étaient tous les deux absorbés chacun par ses propres sirènes lointaines.
La voix de l’animateur que connaît tous les amazighes sous le pseudo de « AAMMI MOUSSA » « Oncle Moussa » les ramena tout deux; vue la célébrité de son émission, « isseqssitn yi imsfliden » «questions des auditeurs » : à la réalité des choses
• un de nos chers auditeurs demande pourquoi la diffusion radiophonique de tamazight n’est jamais stable et elle est toujours mêlée à plusieurs autres radios, autres langues, autres musiques parfois même Espagnoles ou chinoises, et souvent elle est coupée sans retour et sans excuse ?
• je réponds à notre cher auditeur en donnant un exemple, et je lui dis que tamazight dans les médias c’est comme la bicyclette dans la route, quand la route est vide et bien la bicyclette occupe toute les trajectoires, elle va à gauche, elle va à droite, elle occupe le centre, elle zigzague par tout sans aucun empêchement, mais dés que la route est occupée, même si ce n’est que par un seul véhicule, et bien notre pauvre bicyclette est carrément refoulée hors de la route.
Le Patron pousse des rires d’admiration et commence à faire des éloges à AAMMI MOUSSA et à son émission, mais Abdel est silencieux comme s’il ne partage pas l’avis de son patron qui lui pose la question.
• Tu ne vois pas que c’est une métaphore intelligente, comparer tamazight à une bicyclette ?
• Je n’ai rien contre la métaphore, mais c’est la réalité des choses qui est plutôt choquante
• Quelle réalité ? celle de la route par exemple, il faut que tu saches que ce sont nos parents et nos grands parents qui l’ont construite, nous y avons participés aussi alors qu’on était enfants car on parcourait des kilomètres, à pieds nus, pour emmener nourriture et eau aux travailleurs qui n’étaient autres que, pères, oncles, grands frères, cousins ou quelqu’un de la famille, et autant que les travaux avançaient autant que notre souffrance augmentait.
je me souviens encore du jour du mariage de ton oncle Brahim, c’était le jour de son mariage et il travaillait lui aussi et pour qu’il aille faire son rituel de noce il a parlé avec ton père ; comme il était l’aîné de la famille ; pour lui demander s’il pouvait s’absenter pour quelques heures seulement, mais ton père était un sage, il savait que la célébration d’un événement pareil ne pouvait se faire en quelques heures et qu’il fallait au moins une journée et une nuit entière, c’est alors qu’il a pensé à remplacer ton oncle dans le chantier sans que le cabrant le sache, et c’était moi qui l’ai remplacé.
• Pour quoi toi ? interrogea Abdel surpris par ce qu’il entendait
• Parce que j’étais l’enfant le plus âgé de tous les enfants du village et de la Kabyle, avant c’était un seul village toute la Kabyle parlait le même langage, prenait la même décision et partageait le même sort. Et quand il s’agissait des événements nationaux ou internationaux se sont toutes les kabyles qui deviennent comme un seul et unique village. J’ai beaucoup souffert se jour là mais j’ai beaucoup appris ? pendant que ton oncle fêtait son mariage et tirait des coups de plaisir moi je subissais la plus pénible, dure et atroce épreuve de ma vie, en une journée j’ai grandis et en même journée j’ai vieillis.
• Je ne comprends pas comment on peut grandir et vieillir en une seule journée, à moins que tes propos ne soient comme ceux de AAMMI MOUSSA, car notre problème nous les amazighes c’est que nous employons trop de métaphore pour critiquer, et au lieu de se révolter nous nous contentons de rire.
• La métaphore est la partie la plus noble et la plus objective de tout discours qu’il soit politique religieux ou scientifique, la métaphore te permet de juger une situation tout en la comparent à une autre ce qui ajoute au discours une connotation en longueur et en largeur, en sens et en image, à l’expérience humaine et aussi au jugement qui doit être juste, objectif et global, et même les lois mathématiques tranchent sur ce point là puisque 2 à la supériorité d’1, mais c’est plutôt le choix de la métaphore qui reste une équation difficile à réussir et seul quelques poètes et imminents linguistes ont pu nous laisser un bon exemple à suivre.
• En tout cas sans vouloir te contrarier, mais je trouve la métaphore de AMMI MOUSSA plus claire et facile à assimiler que la tienne, lui au moins il nous donne un comparant qui est le tamazight et un comparé qui est la bicyclette et puis un autre comparant qui est la radio comparée à la route, toi tu me dis en une journée j’ai grandi et en même journée j’ai vieilli, je ne comprends rien de rien.
• Je vais t’expliquer comment, j’ai grandi en une journée car j’ai appris beaucoup de choses en écoutant parler les hommes des secrets qu’ils n’osaient pas nous révéler, ils parlaient entre eux des colons, des moudjahidines, de l’école moderne et de la langue arabe et française en absence totale de la langue amazighe, ils parlaient d’autres pays et d’autres leaders, et c’est là ou j’ai pris de la grandeur moi qui les a toujours considérés comme des ignorants qui ne savaient rien et qui ne comprenaient ni politique ni histoire, et j’ai vieilli quand je les ai entendu parler du passé et de nos ancêtres les plus anciens, ils ont même cité le nom de ton grand père,,,
• Qu’est ce qu’ils ont dit sur mon grand père ?
• Ils ont dit qu’il possédait cinq milles têtes de caprins sans compter les moutons et les chameaux et aussi les chevaux, tous nos arrières grands pères étaient des braves guerriers, de nobles nomades et d’honnêtes commerçants, ils constituaient des caravanes qui voyageaient jusqu’au Tombouctou, et ils étaient reconnus par la meilleur qualité de leurs produits et leur honnêteté commerciale.
• tu imagines si seulement on nous disait tout cela dans les livres d’histoire qu’on nous faisait enseigner aux écoles et aux universités, tout le monde garde le silence sur cette époque comme on gardait le silence sur un héritage précieux ou un trésor de grande valeur qu’il ne fallait nullement révéler. Et même quand ils osent parler ils utilisent les métaphores ai-je raison ou non ?
• oui tu as raison justement il y’a d’autres conversations dont le sens m’échappait complètement ; on dirait que je ne comprenais pas leur langue alors qu’ils étaient tous mes oncles et mes cousins.
• Comment ça tu ne comprenais pas le sens, ils conversaient en autre langage ?
• Non pas du tout, ils parlaient notre langue mais trop codée, trop imagée, ils utilisaient des métaphores et des symboles indéchiffrables, surtout quand ils parlaient des femmes.
• Ah voilà enfin des conversations intéressantes qui vont te faire rajeunir et non vieillir, raconte !
• Tu oublis peut être que nous ne sommes pas seuls, répliqua le patron on faisant allusion au petit frère qui continue de suffoquer en silence.
Abdel jette un coup d’œil dans son rétroviseur et voit son petit frère ramassé comme une boule camouflé ; comme un hérisson en danger.
Mostafa
Envoyé le :  13/6/2013 20:32
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 2/5/2008
De: AGADIR.MAROC
Envois: 14895
Re: un amour blanc Ă  Florida (suite)
Récit très riche, porteur de tant de vérités, de patrimoine, d'histoire, de colère et de révolte !
J'attends la suite pour savoir ce qui va arriver au petit qu'on vient de déraciner comme un arbre et que l'on va dépayser en ville!



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Ma vie n'est plus une barque dans une mer enragée
Et je ne suis plus le naufragé!
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Mostafa, point fat, seul, las, si doux, rĂŞvant de sa mie!!!

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