Sur la Page blanche, je m’épanche

Page blanche quand tu nous tires par la manche en murmurant, viens vers moi, penche-toi et confie nous ton génie qui te convie à noter les envies que liront tes petits chéris quand tu ne seras plus là ....dans combien de temps ? Tu ne le sais pas....Impossible de prévoir la date de ton trépas : il est cependant certain, crois-moi.


Page à demi noircie de pattes de mouche à la louche que ton aïeul aligna sur ce papier jauni que tu découvriras dans ton grenier et qui t’interroge; qui écrivit ces lignes, ces envolées lyriques invoquant les encycliques et les bucoliques si souvent critiques ?


Page remplie de vers et de quatrains, rarement d’alexandrins, fracassant les destins de ces peuples du monde affairés et oubliant les catastrophes et les tempêtes tropicales qui bouleversèrent la terre, l’atmosphère, et libérèrent la misère de peuples en colère.


Qui que tu sois, lis ces morceaux avec joie, le mouchoir à la main, ils témoignent du souci de ton aïeul pour cette planète et ses habitants n’hésitant pas à se massacrer à l’envi, toi qui es inconscient du futur dont tu jouis à présent, redevenu sauvage quelque part en Amazonie, portant pagne et machette et revenu au temps de la cueillette et de la chasse à la sauvette et traînant la brouette; le seul bien que tes ancêtres t’aient légué pour te préserver de l’adversité et que tu pousses en te demandant, perplexe, pourquoi tu en es revenu à ce pénible état.


Je suis inquiet pour toi ; mais cela tu l’as pressenti dès que tu as trouvé ce parchemin enfoui sous un tas de débris abandonnés par mes héritiers après le châtiment de Dieu en majesté venu me sauver. Il renferme le peu que je sais de mon ultime destinée et rien de ce que sera la tienne, alors, lis à l’ancienne cette antienne et fais-la tienne.


Janvier 2011

Comme tu as raison de nous démontrer à quel point l'écriture est un legs que même la poussière du temps ne peur effacer.
HONORe