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     L’OGRE ET LES INDIGÈNES
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Expéditeur Conversation
Eclair
Envoyé le :  30/10/2012 18:03
Plume d'or
Inscrit le: 20/8/2011
De:
Envois: 1959
L’OGRE ET LES INDIGÈNES



Il était une fois un ogre qui élut domicile dans une grotte, face au lever du soleil, au sommet d’une montagne qui surplombait un grand village, naguère paisible, dont les huttes peu rapprochées se parsemaient de la profonde et vaste vallée jusqu’aux flancs des monts environnants.

Ce monstre était un vrai colosse, tout couvert de cheveux : une tignasse hirsute, une crinière affreusement ornée de grosses perles de sang solidifié, qui s’entrechoquaient au moindre mouvement, comme dans un collier de coquillages, et une toison épaisse qui ne laissait apparaître que le rond de peau écailleuse des coudes et des genoux. Ses yeux, profondément enfoncés dans leurs orbites, avec un étrange éclat d’intelligence et de méchanceté, tournaient dans tous les sens. On ne voyait de sa bouche que quatre longues canines qui se croisaient verticalement en étincelant à travers ses épaisses moustaches suintantes, tels des couteaux enfouis dans de hautes herbes. Malgré sa taille géante, un peu voûtée, ses petites foulées, quand il se dandinait, s’accordaient bien avec ses gestes de bras lourds et noueux qu’il manipulait avec agilité et grande aisance.

Il faisait du village son fief, son royaume et sa source de vie. Depuis belle lurette, il cessa de faire des descentes nocturnes pour enlever un veau, une chèvre, un mouton ou parfois même un enfant, qu’il arracha des bergeries ou des cases, dans un orage de hurlements et de grognements qui faisait, de terreur, « mouiller » les chiens de garde et les hommes et avorter les femmes. Pour éviter les affres de ses attaques, les villageois lui proposèrent de lui offrir eux-mêmes ses proies et de les lui emporter jusqu'à la grotte. Il accepta tout de go, en hochant la tête. Il comprenait parfaitement leur langue, sans pouvoir articuler le moindre mot, comme si la voix humaine s’altérait dans sa gorge pour devenir caverneuse et nasillarde. C’était un être monstrueux et astucieux ; il aimait être servi chez lui, de la manière la plus commode, comme un seigneur.

Ainsi les indigènes, en majorité, des éleveurs, s’appliquèrent-ils à le bien satisfaire. Les offrandes vivantes, pour les riches, étaient des animaux assez jeunes et bien engraissés aux volailles : dindes et dindons déplumés vivants. Pour les pauvres, des enfants de six à dix ans, petites filles ou petits garçons, à condition d’avoir les crânes rasés,. Mais, lui, qui était tout pelu, avait horreur de toute sorte de pelage ; ça le gênait et l’énervait quand il mangeait. De ses gros doigts griffus, il étranglait, éventrait, démembrait et dévorait la chair tendre, fumante et saignante, jusqu’à la moelle et la cervelle. Il exigea même qu’on lui apportât, de temps à autre, une jeune fille vierge bien parée pour assouvir, à la fois, son désir et son besoin charnels, qu’il ne déchiqueta qu’à l’aube en n’en jetant que la tête aux longs cheveux arrachés et ensanglantés.

Mais avec le temps, les villageois s’appauvrirent et s’affaiblirent. Alors ils montèrent à l’ogre et leur demandèrent de devenir leur protecteur contre leurs ennemis des patelins voisins. Ce dernier, au lieu d’accourir à leur secours, dès le début de l’offensive, il les trahit, non par peur ou paresse, mais par ruse et malice. Il attendit qu’ils s’anéantissent pour étendre son règne et optimiser son profit, en annexant d’autres villages sous sa férule. Après maintes razzias qui avaient mis à sang et à feu le hameau dont il s’était promis de défendre, la traîtresse de goule, intérêt oblige, soutint les riches et puissants pilleurs et largua ses protégés et serviteurs.

Surpris et désappointés de cette volte-face, les sages du village se réunirent et décidèrent d’envoyer des médiateurs à leurs ennemis pour venir discuter ensemble d’une affaire vitale sous l’arbre à palabres sur la frontière. Ils convinrent de se solidariser pour se débarrasser définitivement de l’ogre perfide, le danger commun qui pesait, tour à tour, sur leurs bourgades, en menaçant leurs biens et leurs enfants.

Et ce qui fut projeté, fut réalisé. Un jour, un traquenard diabolique fut fin prêt : on creusa un trou à sa mesure, mais très profond, sur lequel on lui érigea un trône digne de sa majesté, fait de branchage et tapissé de fleurs sauvages, On y enfouit une pointe de flèche, reliée à une tige souple servant de ressort, de sorte que l’arme fût prompte à transpercer le cœur, à tout moment. Enfin, pour la couronne, il y eut un crotale camouflé dans un bouquet de lauriers.

On l’invita alors à s’asseoir sur le trône, en maître souverain de tous les patelins. Quand il eut mis son derrière dessus, les braves représentants des villages l’avertirent en criant leur hargne et vengeance :
-« Eh bien, on t’a eu, espèce de monstre caméléonesque ! Tu as le droit de choisir ta meilleur façon de périr : un puits au-dessus, une flèche à tête empoisonnée et fourchue ou un baiser de crotale entre les yeux ! ».
-« Euh ! Euh… ! », répondit l’ogre déchu et humilié en indiquant du regard et du pouce crochu l’arme foudroyante devant lui, qui sitôt déclenchée, lui perfora la poitrine velue pour sortir entre ses épaules poilues.

Ainsi, on a respecté sa dernière volonté qui lui épargnerait une mort lente, mais bien méritée.


23 Mars 2011







Honore
Envoyé le :  6/11/2012 10:42
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: L’OGRE ET LES INDIGÈNES
Il n'a eu que ce qu'il méritait, mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
HONORE
Amedyaz
Envoyé le :  6/11/2012 23:33
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 7/8/2006
De: Tafraout Maroc
Envois: 17695
Re: L’OGRE ET LES INDIGÈNES








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"Je n'existe que dans la mesure où j'existe pour autrui"
Manet




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Aathahorus
Envoyé le :  10/11/2012 15:22
Plume de soie
Inscrit le: 10/11/2012
De:
Envois: 177
Re: L’OGRE ET LES INDIGÈNES
Super ! Belle nouvelle ! Bonne continuation
Facillire
Envoyé le :  12/11/2012 19:29
Plume de platine
Inscrit le: 30/1/2010
De:
Envois: 2762
Re: L’OGRE ET LES INDIGÈNES
Eh bien! Que dire?

C'est superbe,j'ai beaucoup aimé.

Quel talent!

Bravo ami eclair.

Amitié,Erhan
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