PEPE LE SANDALIER...
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Devant notre perron, dès que Pâques sonnait,
Dès qu’un rai de soleil réchauffait la maison
Face au cactus géant, aux dahlias empourprés
C’était à chaque fois, à la même saison
Le même rituel ; trouver l’endroit rêvé
Pour que son «  destrier » ne clopine du pied.
Pépé, le sandalier, posait son chevalet,
Comme un bon écolier il rangeait ses outils,
Et à califourchon sur le banc patiné
Formait une spirale de tours à l’infini,
Tournant dans tous les sens la corde ainsi roulée,
Caressait la semelle qu’il venait de former.
D’un rond sans intérêt par quel miracle alors,
On voyait un talon et la plante d’un pied
Entre pouce et index, maintenant les deux bords,
Resserrait au trois quart la chausse ainsi tressée
De dessous l’établi nous jetant un clin d’œil
Extirpait une alêne et brandissant l'épée
Jouait au mousquetaire, brassant l’air d’arabesques,
De peur qu’il nous embroche on s'enfuyait du seuil.
Et nous courant après, le bras chevaleresque,
Il s’arrêtait tout net devant l’œil de mémé!
Il riait de bon cœur quand dans le seau d’étain,
Il prenait de l’eau fraîche dans le creux de ses mains
Et non sans nous montrer son épée de fortune
Enfourchait à nouveau sa monture de bois.
Reprenant la semelle devenue dame lune.
Ronde comme un ballon, recommençant l’exploit…
La semelle naissait...