Un village en émoi, sous le soleil, se brûle
Tous les jours de ce mois oĂą le monde circule.
Assises sur un banc, à l’ombre des platanes
Trois bégueules en blanc paraissent en sultanes.
Leur SĂ©nat, au complet, sitĂ´t mis en action
Fait vibrer son sifflet, suivant sa vocation.
Les seules rhétorique et croyance profonde
D’une foi hérétique assurent la faconde.
Dans l’actualité, tout peut faire un sujet
Et la fatalité active leur projet.
La moisson, qui est là , anime d’autres gens
Qui sont en tralala mais surtout diligents.
On oublie que l’été mûrit seul les couleurs
Que l’hiver entêté gela bien tous les cœurs,
Que ceux qui sont sortis pour braver l’incident
De pas lents amortis ont détruit le chiendent.
Le vrai labour d’hiver qui détruit les vermines
Sauvegarde les vers s’activant dans leurs mines.
Ce travail essentiel garantit le succès
D’un pari matériel sans viser trop l’excès.
Or nos bonnes vigies Ă©voquent en passant
La peine et le souci du vieux semeur patient.
Il répand le bon grain d’un pas fort cadencé
Sous le poids souverain de son poing balancé.
Mais quand les épis blonds s’en vont en chaudes vagues
On chante tous en ronds et on se dit des blagues.
La nielle enfin vaincue et l’ivraie écartée
On se met en battue avec sainte piété.
Les gerbes sont tassées sur de simples carrioles
Où elles sont placées par de jeunes mariolles.
Les enfants chahutant font des bouquets champĂŞtres
Qu’ils font tout en chantant mais qu’ils font pour leur maître.
Et puis courbant l’échine une âme un peu pliée
Au dos de la machine emplit son tablier.
Ce droit de ramassage est ainsi consenti
Pour l’unique passage au rapport garanti.
Aujourd’hui le semeur reçoit sa récompense :
Et la juste clameur qui marque la cadence
Lui dit qu’il faut semer en prenant de la peine
Si l’on veut voir germer la race de ses graines.