Souvenez-vous, hommes,
De la vie d’autrefois,
Quand elle habitait avec nous,
Et des petits paniers à fruits,
Et des figues, et des myrtes,
Et de la douceur du vin nouveau,
Et des violettes près de
La citerne, et des olives
Que nous regrettions,
A cause de tout cela, maintenant,
Saluez la déesse.
[Hymne à la paix, Aristophane]
Tu demandes pourquoi j’ai tant de rage au cœur
Et sur un col flexible une tête indomptée
C’est que je suis issu de la race d’Antée
Je retourne les dards contre le dieu vainqueur
Oui, je suis de ceux-là qu’inspire le Vengeur
Il m’a marqué le front de sa lèvre irritée
Sous la pâleur d’Abel, hélas ! ensanglantée,
J’ai parfois de Caïn l’implacable rougeur !
Jéhovah ! le dernier, vaincu par ton génie,
Qui, du fond des enfers, criait : « O tyrannie ! »
C’est mon aïeul Bélus ou mon père Dagon…
Ils m’ont plongé trois fois dans les eaux du Cocyte,
Et, protégeant tout seul ma mère Amalécyte,
Je ressème à ses pieds les dents du vieux dragon.
[Antéros, Gérard de Nerval]
Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine,
Mince comme une abeille ô fée apparaissant
Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant
Serpentine onduleuse à damner ô voisine
Et pourtant sœur des fleurs ô grappe de glycine.
En robe verte vous rappelez Mélusine
Et vous marchez à petits pas comme dansant,
Et quand vous êtes en robe bleu-pâlissant
Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine
Madone dont la bouche est une capucine...
[Poème à Yvonne, Guillaume Apollinaire]
Scathaan MacLeod