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     Sur la rivière imaginaire
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Expéditeur Conversation
FLORAREVES
Envoyé le :  31/7/2011 19:41
Plume de soie
Inscrit le: 12/6/2011
De: Ile de la RĂ©union Sainte Anne
Envois: 195
Sur la rivière imaginaire
J'ai une maman.







Mère de 4 enfants, j’ai compris récemment pourquoi elle était plus distante avec moi.

Dans mon cœur, j’ai toujours su que ma mère m'aimait mais différemment.

Déjà pendant des années une ridicule histoire de groupe sanguin creusa un rikiki de fossé entre moi, ma sœur et mes frères.

D'autant plus pendant longtemps j'eus la peau couleur de porcelaine parmi des frères et une sœur à la peau d’Ébène.

Pour être à l'abri des sarcasmes de ma famille, je m’inventai une famille au delà des mers.

Comble de tout comme j'étais assez souvent hospitalisée, je parlai plus en Français qu'en Créole.

Aussi j'étais quelquefois exclu des jeux de mes cousins et pire de ma sœur et de mes frères.

Au fil de ma vie, j’appris que lors de ma venue dans le ventre de ma mère, ma mère et mon père se disputèrent et se séparèrent un moment.

A l'âge de dix huit ans je fus l'adolescente la plus heureuse du monde quand j'appris à mes frères et sœur que j'avais le même groupe sanguin qu'eux. Ce même jour j'eus un coup de couteau au cœur et me cachai pour pleurer. Là encore ma mère voulait vraiment creuser un fossé entre moi, mes frères et ma sœur en prétendant que le labo avait certainement fait une erreur.

Ma mère m'en voulait peut-être car j'étais souvent malade pendant les fêtes.

J’ai tout de même inventé mille choses pour qu'elle s'attache à moi.

Aujourd'hui son enfant le plus chéri est mort à l’âge de 33 ans, sa fille habite en Martinique et mon frère habite à Paris.



Pendant plus de 15 ans j’eus droit à l’hymne à la joie, ma sœur s’était mariée, deux beaux enfants intelligents, un mari modèle .Mon frère aussi s’est marié, trois enfants magnifiques.

Ma mère veuve à 25 ans à la charge de 4 enfants a recommencé à travailler à la mort de son mari. Elle na jamais refait sa vie.

J’ai beaucoup pleuré jusqu’à la naissance de mon fils ; selon ses mots j’étais trop fragile, trop sensible. Et peut-être trop malade.

Dans les moments de mes pleurs profonds, je parlai à ma famille imaginaire au-delà des mers. Alors je souhaitai en secret qu’elle aille rejoindre son mari.

J’ai connu aussi des moments de bonheur .Les sorties, les pique-niques, les histoires avant de s’endormir. Le jour où j’appris que c’était elle le Père Noël .J’avais environ trois ans et comme d’habitude j’étais malade. Et pendant des années, j’ai gardé fièrement ce secret qui nous unissait .Mes frères et ma sœur ont cru au Père Noël au moins jusqu’à l’âge de dix ans. Aujourd’hui, je me plais à croire que si ma mère avait tout fait pour mettre une distance entre mes sœurs et moi c’était parce qu’elle voulait me protéger. J’étais malade, sensible, fragile .Je passais mes journées assise sur un banc à lire ou à écrire pendant que mes frères et sœurs s’amusaient comme les enfants de leur âge. Je ne parlai pas comme eux. Elle m’appelait dans ces bons jours ma poupée de porcelaine. Elle m’a secouée pour que je puisse affronter les réalités du monde ,moi qui avait la tête dans les étoiles .Elle a tout fait pour que je me lance dans la vie réelle en mettant de côté mon projet artificiel à ses yeux de devenir religieuse .Aujourd’hui je traite ma mère comme une adulte. Je me suis libérée de ses chantages affectifs .Et s’il faut m’imposer face à son fort tempérament je le fais même si elle doit recevoir quelques éclats. Je sais que c’est le seul moyen pour mieux profiter de la vie ensemble .Eh bien voilà, ma mère habite avec moi ,l’enfant qu’elle a le moins chéri. A travers mon fils, elle aime la petite fille incomprise que j’étais .Cela ne l’empêche pas aujourd’hui encore de délirer à mon sujet. Mais j’arrive à remettre les pendules à l’heure à son grand étonnement .Il faut dire je ne suis plus la petite fille hypersensible, même si j’ai toujours un goût prononcé à la magie du rêve. Tout de même je réussis à concrétiser certains de mes rêves. La distance qui la sépare de mon frère et ma sœur l’a rapprochée de moi. Et puis, il y a mon fils qui l’aime énormément. Toutefois il a un tempérament bien prononcé .Elle apprécie. Tout cela pour te dire mon amie, une maman, c’est très compliquée .Elle laisse des empreintes différentes d’un enfant à l’autre. Les circonstances de la vie peuvent influencer son rapport à son enfant .Je comprends de part ma maladie, je ne lui ai pas rendu la vie facile, elle la jeune veuve avec 4 enfants. Récemment, j’ai compris les changements d’humeurs de ma mère. C’est il me semble une bipolaire légère qui ne s’est jamais acceptée en tant que telle. Mes frères et ma sœur, plutôt à l’extérieur avec les cousins puis avec les copains ont moins subi ses délires .Moi, plus souvent malade, et avec mes activités à l’intérieur j’étais sa proie favorite. Son délire le plus pénible pour moi c’était son histoire de groupe sanguin. Mais celui qui m’a le plus déstabilisé c’est le reproche qu’elle me faisait d’être trop belle.

Il y a des enfants qui vivent des situations terribles avec leurs mères. Moi qui travaille dans le milieu de la petite enfance je le vois souvent. Surtout ces mères pour qui l’enfant est l’objet de je ne sais quel amour fusionnel et immortel. Le jour qu’ un conflit intervient dans le couple c’est l’enfant qui en paie les frais. « A mon avis avant de faire un enfant il faut s’aimer et voir dans l’enfant son propre prolongement plus qu’une fusion de je sais quelle couleur. »L’enfant est un individu à part entière et non seulement le fruit de l’amour de deux êtres. L’enfant existe par rapport à lui-même et doit être aimer pour lui-même à travers son regard à lui, sans condition aucune. »Ainsi une mère sera libre d’aimer son enfant en dehors des chantages affectifs de son partenaire ou de son évolution de son sentiment pour l’autre. Serrer librement son enfant, l’accompagner sur son chemin de vie et accepter qu’il prenne son envol sans regarder derrière.

Je comprends mieux ma grand-mère qui partageait le bonheur de ses voisins et leurs moments de vie en ajoutant, voici ma nouvelle famille. Sa famille de sang, ne comprenait pas cette démarche peu commune de ma grand-mère. Elle se souciait peu des visites de sa famille de sang qu’elle nommait gentiment les invisibles .La meilleure c’est qu’elle ne remarquait pas leurs absences ou leurs éloignements. Un jour, ma mère arriva chez ma grand-mère. Elle avait sorti sa belle vaisselle, sur la table plusieurs plats, des boissons. Sur son lit, elle avait mis un beau tapis, elle avait changé les rideaux de la maison. La musique battait son plein et ses amis parlaient forts.

« Maman, explique-moi tu fêtes l’anniversaire d’une amie ???Chez toi ???

Non, non, non, aujourd’hui la fille de mon deuxième fils se marie .C’est de le mariage de ma première petite fille ? »

« Mais, tu rigoles elle habite à plus de 10 000 kms !!!Tu es à la Réunion, il faut traverser bien des mers et des Océans pour la rencontrer. »

« Ma chère Eugénie je regrette infiniment que tu sois restée trop longtemps chez ma vieille cousine lors de ma séparation passagère avec ton père .Elle a très bien éduqué ta tête. Mais elle a oublié le cœur. Pas étonnant, elle n’a jamais eu d’enfant. !!! »

« Qu’est-ce que tu racontes maman ?? ?….Et ben, alors. C’est elle-même qui t’a élevée depuis le jour de ta naissance jusqu’au jour de tes 14 ans. Tu t’es fiancée et tu t’es mariée à 15 ans. »

« Oui, elle n’a jamais réussi à me voler mon cœur ; sache mon enfant que même des kms ne pourront me séparer de ceux que j’aime. Alors j’ai le cœur en fête, ma petite fille vient de passer à table avec ses invités .A Paris, il est 13heures et ici il est 16 heures. Alors la fête commence, ainsi je peux partager sa grande joie. Tu sais bien que nous n’avons assez d’argent pour nous payer un billet d’avion. Mais suffisamment pour organiser un repas de fête avec mes proches amies. !!!!»

Ma grand-mère maternelle n’a jamais connu son père biologique. De plus, elle n’a pas grandi avec les enfants de sa mère, nés avant ou après elle. Elle porta le nom de jeune fille de sa mère. Les autres enfants de sa mère portèrent le nom de son père. Son film de vie se résume aux complexités de la guerre 1914-1918 .Sa mère sous la pression familiale décida de refaire sa vie avec un Polonais. A l’époque les femmes ne pouvaient rester seules trop longtemps. Ma grand-mère naquit le lendemain du retour du mari de sa mère, un soldat qui fut emprisonné pendant des années. Enfin, ma grand-mère découvrit l’amour de sa mère biologique après son mariage. A cette époque son cœur fut remplie de l’amour « de deux mères » .C’est peut-être pour cela, elle a su avoir une famille en deux : sa famille de sang et sa famille de cœur. Les uns et les autres partageaient ses grands moments de joie. Avec, elle, j’aurai l’arbre généalogique le plus étrange de la planète.

Elle disait : « Bonne fête maman »à toutes les femmes d’un certain âge ».

Un jour maman lui dit « Cette dame n’a pas d’enfant. Pourquoi lui dis tu : « Bonne fête ».



« Elle prend soin et aime les enfants des autres, c’est une maman de cœur. »

Maintenant que ma mère est grand-mère, elle commence à comprendre les messages de la vie de sa mère.



Elle qui a connu sa mère biologique après son mariage m’a toujours dit « Sois généreuse et pardonne les mères qui sont contraintes d’abandonner leurs enfants .Et aime sans compter les enfants abandonnés parce que demain ils seront parents et auront besoin de donner de l’amour. »



« BONNE FÊTE A TOUTES LES MAMANS DE CŒUR »



La fête des mères me rappelle les scènes pittoresques de mon enfance. J’avais semé des bonbons de couleurs dans les escaliers pour ma maman chérie.

Ce jour-là mes frères et ma sœur m’auraient défenestrée quand ils entendirent les cris terribles de ma mère « Quel est le monstre de la famille qui veut me tuer ? »

Je courus me cacher dans les toilettes pour pleurer. Je croyais que le ciel me tombait sur la tĂŞte.

Alors je me suis dit « Cela ne me fait rien du tout, Ce n’est pas ma vrai famille !».

« Ma vrai famille mangerait mes bonbons de couleurs avec bonheur ! »



Enfin j’ai du inventer un monde de conte de fées extraordinaires pour affronter mon étrange famille .Mais le plus fort c’est que je suis devenue la meilleure amie, du ciel, du soleil et de la mer. J’entends encore ma grand-mère « Quand ta famille délire, n’oublie pas ce soir-là le soleil se couchera, tu regarderas ces rayons rouges et tu sauras que l’amour de ta maman, de ta sœur et de tes frères est allé le recharger ».A son tour demain matin ta maman, ta sœur et tes frères retrouveront leurs rayons d’amour et la paix et le bonheur règneront à nouveau dans la maison. C’est ainsi que ma grand-mère poète à sa manière m’apprit à vivre avec mon étrange famille.

Une famille dans laquelle on parlait plus avec sa tête qu’avec son cœur
Honore
Envoyé le :  11/8/2011 16:42
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39531
Re: Sur la rivière imaginaire
Beaucoup d'émotion dans ce récit révélateur des multiples sentiments d'un cœur plein d'interrogations.
HONORE
FLORAREVES
Envoyé le :  12/8/2011 20:57
Plume de soie
Inscrit le: 12/6/2011
De: Ile de la RĂ©union Sainte Anne
Envois: 195
Re: Sur la rivière imaginaire
Bonjour Honore

Merci pour votre commentaire.


FlorarĂŞves.

Citation :

Honore a Ă©crit :
Beaucoup d'émotion dans ce récit révélateur des multiples sentiments d'un cœur plein d'interrogations.
HONORE
candide
Envoyé le :  24/9/2011 16:40
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 20/10/2007
De: Maroc
Envois: 9760
Re: Sur la rivière imaginaire
Les mamans sont différentes mais elles partagent toutes le grad amour de leurs enfants .


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MB CANDIDE

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