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     un couple enragĂ©
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Expéditeur Conversation
alili
Envoyé le :  30/3/2011 17:40
Plume de soie
Inscrit le: 13/3/2011
De: agadir environs
Envois: 74
un couple enragé
J’ouvris la porte et avançai cahin-caha dans le couloir noir, les mains devant cherchant l’interrupteur. Il me semblait que j’étais engagé dans un trou noir, dans une caverne sombre, vers un passé lointain et nocturne. Tout était pour moi interprétation. Voilà mon problème ! Le déclic me délivra enfin de cette obnubilation et illumina la maison.
Pourtant, je me demandais quelle serait la raison de ma révolte intérieure dont j’analysais les conséquences formellement remarquées dans mon comportement présent. Las et nonchalant dans un monde chaotique. Je voyais alors germer en moi une fulgurance, une fureur contre un présent fulminant et inique .Quand bien même mon mal demeurerait intenable, je réussis à m’accrocher à la réalité.
Je pris le couteau, épluchai un oignon, une tomate, de l’ail et cassai deux œufs. Quelques minutes sur le feu et mon dîner fut prêt. La télévision m’envoyait de la chambre un bruit confus que mes oreilles acoustiques arrivaient à peine à décrypter. Mais dans la cuisine, ce que j’entendais était plutôt les bouchées que je faisais de mon omelette. J’entendais mes molaires écraser l’oignon et l’ail mal cuits. J’entendais l’assiette se poser dans l’évier et le robinet qui balbutiait dessus quelques gouttes d’eau, la brosse venait y danser son flamingo quotidien, le bec généreux d’une théière laissant « cascader » son jet dans le verre opaque, le briquet dont les deux silex craquèrent en feu pour allumer ma cigarette. Je vis la fumée tournoyer vers le plafond comme une âme d’un moribond.
La soirée était paisible et je n’entendais que le vent siffloter entre les murs. Et puis subitement, j’entendis une femme qui criait, un homme qui insultait. Une femme qui hurlait et un homme qui gueulait. Au début, il me semblait que les cris et les bruits provenaient de la télé où on présentait une comédie jouée par des acteurs crieurs. Néanmoins, je m’aperçus que ça venait et ça partait avec le vent. Ça s’amplifiait, ça diminuait et je conclus que ce fut sans doute une querelle dehors. Peut-être, me dis-je, Ssi Mehmed mon voisin qui s’accrochait avec une pétasse du coin. Il le faisait souvent surtout quand il eut trop fumé ou bu. Comme je voulais m’enquérir des rumeurs sans me fourrer le nez dans les affaires d’autrui, je sortis et m’aventurai dans la rue noire en tendant mon oreille ; en vain. J’hallucinais probablement surtout avec les contractions intérieures que je vivais ces derniers temps. Je rebroussai chemin. Je n’étais pas arrivé à ma porte quand les bruits revinrent. Et puis j’entendis des hommes qui s’approchaient et l’un d’eux me dit :
-Ssi Ali, c’est Boumdyane et sa femme.
C’était Houcine qui me parla, un instituteur.
-Encore eux, lui répondis-je.
-Qu’est-ce qu’on fait ? On intervient ou non ? Nous fit Mustaphe, un autre instituteur.
- Comme vous voulez, si vous voyez utile qu’on aille les réconcilier, nous irons le faire, laissez-moi uniquement le temps de fermer la porte.

Les cris revenaient encore une fois par intermittence ; la femme appelait au secours et son cri déchirait le silence et les cœurs. Les amis étaient indécis ; ils connaissaient très bien Boumdyane car ils avaient travaillé avec lui dans le même centre scolaire. Moi, je venais à peine de le connaître, il fut en mission au collège pour suppléer au manque de profs. C’était un homme d’une quarantaine d’année, de longue taille. Il venait souvent à l’établissement les cheveux hirsutes, les habits encrassés et parfois une odeur nauséabonde émanait de son corps. Cependant, notre collègue avait un bon cœur et tout le monde éprouvait de la compassion pour lui. Nous savions tous qu’il vivait un enfer chez lui. Mais faut-il mettre son doigt entre l’écorce et l’arbre ?
Nous entendions plus d’hurlements et d’engueulades et nous résolûmes enfin d’aller voir. Nous partîmes en commando pour une mission qui nous semblait déjà impossible tel des soldats en déroute avant même le premier coup de feu. Nous avancions dans la rue déserte, laissant derrière nous ces maisons vides, habitées par des courants d’air dont les bruits s’enchaînaient en un concert de violons désaccordés. Une musique nocturne discordante.
La nuit était sombre ; et pour les localiser nous tendions l’oreille. Au bout de la rue, il n’ y avait que la colline, la maison de l’infirmière… les cris nous venaient de la gauche. Nous longeâmes alors les maisons jusqu’ au petit ravin. Nous les aperçûmes dans le terrain vaste et inculte devant la commune rurale. Des silhouettes quasi imperceptibles dont les gestes se reflétaient par la lumière des véhicules dans le mur du hangar d’en face. La femme éclatait en injures de toutes sortes contre son mari Boumdyane. Avec sa voix rauque, son accent âroubi et ses mots rustres, on dirait une vache espagnole. Un couple enragé qu’aucun vaccin antirabique ne pourrait guérir. En s’approchant d’un pas empressé, je me rendis compte qu’il y avait quelqu’un qui tentait de les séparer: c’était Benrhma. Un de mes élèves les plus cancres. C’est vrai qu’en classe, il était nul en français, mais ce jour-là, j’ai retrouvé en lui des qualités d’un homme mûr et brave. Malgré sa taille et sa force, la femme lui avait déchiqueté la jaquette.
-Maudissez Satan, leur fait Houcine, maudissez Satan. Allez à la maison et réglez vos problèmes à l’intérieur. C’est honteux ce que vous faîtes.
Mustaphe n’avait pas dit un mot, lui qui était leur voisin. En homme averti qu’il était, il savait que cette femme s’en prendrait à ses enfants ou à sa femme, c’est pour cette raison qu’il avait choisi le mutisme. Quant à moi, ce genre de crise ne m’intéressait que par l’interprétation que j’en faisais à l’instant même. J’avais dépassé le stade de Boumdyane, notre collègue et sa femme explosive. Par conséquent, je voyais la détresse, l’absurdité de la condition humaine, l’absence du dialogue qui rend la compréhension impossible. Je voyais avec leurs gestes démesurés répercutés partout, sur le mur du hangar, sur le sol du terrain vaste, des fantômes en alerte, des espèces de dieux géants, mythiques qui s’acharnaient pour rétablir de l’ordre dans ce monde.
-Il faut les séparer au moins, me fit Mustaphe sortant de son silence.
-Ok, Houcine occupe-toi de la femme, je m’occuperai de Boumdyane, lui dis-je.
Les paroles ne servaient à rien, seuls les actes pourraient abréger les coups de pieds que l’homme donnait à sa femme qui lui répliquait par des coups de poings. Une bataille d’égal à égal, il n’y manquait que Thèbes pour s’ériger en vraie tragédie. Je pris Boumdyane par les bras et Houcine neutralisa la femme en éruption. Je profitai de cette brève entracte pour lancer quelques mots apaisants à mon prisonnier. La morale n’était pas mon fort ; je lui dis tout simplement et sans ambages qu’il était temps de rentrer à la maison surtout que l’heure indiquait dix heures et demie et que trois enfants les attendaient. Mon collègue hypnotisé, baragouinant quelques paroles, sembla céder à mes mots pacifistes. Voilà tout. Houcine, lui, en grand diseur qu’il était, avait fait tout un discours à la femme.
- lâche-moi, je te connais pas, va te faire foutre, lui répliqua-t-elle impulsivement.
A ces mots irrévérencieux, Houcine ne pouvait contenir sa colère et lâcha la femme qui courut droit à nous, serra ses doigts contre sa paume formant un rude poing qu’elle lança à Boumdyane en plein visage.
-Fils de pute, lui dit-elle.
-Va t’enculer pétasse, lui riposta-t- il.
Je ne pus retenir Boumdyane après tout cela. Je l’eus libéré. La femme catapulta une grande pierre qui effleura le nez de Mustaphe. Rien à faire ; vaut mieux abandonner.
La femme fort surexcitée prit par ses deux mains le bas de sa jupe longue, le mordit et s’enfuit à toutes jambes vers la route. Boumdyane la poursuivit en trombe. Des fous, voilà tout. Au début nous crûmes qu’elle allait se suicider en s’écrasant contre un véhicule mais leurs cris disparaissaient peu à peu dans les parages sombres et la bagarre s’éloignait comme une rumeur.
-Qu’ils aillent au diable, c’est la première et la dernière fois j’interviens, la prochaine fois qu’ils aillent s’entretuer, je viens faire du bien et j’aurai la crâne défoncé par des pierres, cette femme est une ogresse, conclut Houcine indigné par les paroles répugnantes et impudiques qu’il eut entendues d’elle. Il était touché dans son amour propre.
Je me séparai de mes amis, retournai à la maison pensant à ce grabuge, à ce couple infortuné, à cette femme indomptable comme une tornade. Le pauvre Boumdyane, assume son sort. Pourquoi ne pas divorcer puisque les choses vont mal ? Boumdyane ne le pouvait, sans doute à cause de ses trois enfants. Une vie à refaire n’est-il pas toujours difficile ? Ce fut la dernière pensée qui me traversa la tête avant que je n’aie fermé les yeux.

Alili.


NB: l'auteur de ce texte, s'est inspiré d'un fait réel.
Chibani
Envoyé le :  30/3/2011 19:30
Membre banni
Inscrit le: 9/12/2009
De: Val d'Oise
Envois: 12086
Re: un couple enragé

Tu t'es trompé de site mon ami, il y a une rubrique intitulée : Contes et nouvelles pour ce genre de texte.

Tu peux encore demander à une administratrice de le transférer, je l'ai déjà pratiqué une fois.

Dans la journée, c'est trop long pour le lire. Je me le réserve pour un soir. Amitiés; Chibani
alili
Envoyé le :  30/3/2011 19:31
Plume de soie
Inscrit le: 13/3/2011
De: agadir environs
Envois: 74
Re: un couple enragé
merci de m'en avoir informé
amitiés
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