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     Un requin gonflĂ©!
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Expéditeur Conversation
Nouwanda
Envoyé le :  19/3/2011 11:32
Plume de soie
Inscrit le: 11/3/2011
De: Montpellier
Envois: 76
Un requin gonflé!
(A Lou,la chair de ma chair et pour ceux qui aiment les histoires du soir)

Une lumière très douce filtrait à travers la moustiquaire de la fenêtre ouverte de ma petite case en bambou. Cette dernière se trouvait sur une plage isolée, elle appartenait à un pécheur salvadorien que j’avais croisé quelques jours auparavant, alors que je cherchais un endroit paisible, afin de m’endormir bercé par le seul son des vagues de l’océan pacifique et, de m’éveillé uniquement avec le doux mélodieux chant des oiseaux tropicaux. C’était chose faite. De plus, la cabane possédait une cuisine à ciel ouvert qui me permettait de cuisiner des bons petits plats comme certaines de mes pêches que je pratiquais à l’aide de mon longboard surf. Une variante de la pêche à la traine, technique que je pratique depuis quelques années maintenant, et que je tiens d’un ami qui m’avait prouvé son efficacité dans les rouleaux basques de la charmante ville de Biarritz. Longé la houle, tout en ramant parallèle aux déferlantes, à quelques brasses de là où ferment leurs mâchoires écumantes, était un choix de prédilection pour pécher les carnassiers ; ils veillaient, vifs, prêts à fondre sur leurs proies surprises par l’écran de sable créé par les ondulations océaniques.
L’aube s’apprêtait de ses couleurs avec parcimonie quand je foulai le parquet de ma chambre sommaire d’un pied droit mal assuré. Ma nuit avait été si profonde que mes yeux avaient du mal à s’écarquiller. Lorsque mon pied gauche rejoignit son partenaire le soleil avait déjà percé sur l’immensité azuré. Je fis chauffer la bouilloire sur un bec de gaz datant de l’an quarante et je fis mainmise aussi sur une dorade entamée que j’avais saisie la veille. Sa taille consistante me permettait aussi d’en faire mon petit déjeuner. J’attrapai mon coteau affuté et effilé afin de sortir quelques filets du poisson et, j’arrosai cette chaire tendre d’un zeste de citron et d’un peu de lait de coco ; une cuisson idéale pour un réveil énergique. Le sifflement de la bouilloire se perdait dans la jungle dense derrière mon habitation d’où provenait des milliers de cris d’oiseaux de toutes sortes. Siroter un thé dans ces conditions accompagné d’un poisson cru cuit au citron laisse songeur, je peux le concevoir.
Le ventre plein je comptais aller surfer ma vague privée qui déroulait devant ma cahute histoire d’effacer définitivement toutes traces de sommeil, mais, la bouille jovial de Miguel, le pêcheur propriétaire de mon antre, darda le bout de son nez. « Buenas dias Yan » lança t’il de sa voix grave et enjôleuse.
Il m’avait aperçu la veille livrant bataille avec une dorade sur le pont exigu de ma planche à glisser. Pas facile de capturer un poisson au large sur une vulgaire embarcation qui flotte à demi, d’autant plus lorsque la proie était conséquente. Il désirait savoir comment l’avais je tuer aussi promptement. Sans plus d’explication je partis dans la case et ouvris les portes du buffet en bois de flamboyant et j’en extirpai une bouteille de rhum cubain. « C’est radical et efficace » lui chuchotai je.
Une simple goutte de ce nectar alcoolisé, bien placé dans les ouïes du poisson, achevé en quelques secondes le plus féroce d’entre eux. L’explication provoqua en lui un rire franc et contagieux. Je l’invitai aussitôt à gouter ma popote qu’il trouva à son gout et je crus comprendre dans son espagnol local que sa femme lui préparait des mets tel quel. Nous finissons sans causer d’avantage la dorade à la chaire tendre et il me fit un clin d’œil approbateur. « Yan, connais tu les huitres et les conches du Salvador » me demanda t’il ?
J’avais effectivement déjà goutté les conches, une sorte de grosse palourde à la texture élastique, qui une fois préparé fondait dans le palais et animé ce dernier de milles saveurs iodées. Je marmonnai un non oisif qui aussitôt l’animât d’un joyeux désir de m’emmener bras dessus bras dessous pécher ces coquillages qui d’après lui avaient la constitution charnel du corps del Cristo.
Ce fut un honneur de partir en pêche avec lui et un de ces fils âgé tout au plus de dix ans et, Lou, ma tendre fille adorée, tu aurais volontiers échangé tes deux chéris de l’école élémentaire du moment contre ce garçon aux traits remarquables. Son fils se prénommait « rapido edouardo », je compris très vite pourquoi il portait un tel surnom. Le petit, excuse la chaire de ma chaire, exécutait tous les ordres de son père avec une rapidité hors du commun, il écoutait à la lettre la voix paternel et enchainait les consignes avec une vitesse déconcertante. Le petit parfait en quelque sorte ! Miguel m’a même avoué à ce sujet, un plus tard dans la matinée, que son fils aidait sa maman, sans même qu’on lui demande, dés qu’elle en ressentait le besoin. Une perle ce petit, bref, revenons à nos petshops, euh, à nos moutons.
Leur technique de pêche, m’expliqua Miguel, se rapprochait sensiblement de la mienne. Leur embarcation possédait un avantage évident, une flottabilité remarquable qui permettait de stoker une assez grande quantité de coquillage. Je vous décris le canot en deux mots pour que vous saisissiez bien le tableau : chacun des pécheurs est muni d’une grosse bouée gonflable sortie tout droit d’un pneu de bus collectif qui a su dispersé ses pièces aux quatre coins du pays après sa longue vie. Une chambre à air, pas plus, équipé tout de même en son centre d’un filet à provision afin d’y déposer les fruits de mer tant convoité. Puis des palmes à chacun, personnellement un peu étriqué pour mes grands pieds, un masque, de ces modèles d’antan où la buée est votre complice, une ficelle afin de trainer votre bouée et un pic en fer provenant certainement d’une herse de jardin public. Voila tout bonnement notre équipement ! C’était « Rapido Edouardo » qui, plus rapide que la fameuse souris Mexicaine, amena tout ce paquetage sur la grève.
Miguel chantonna une expression qui signifiait à peu près ces mots : « en ture pour de nouvelle avenroute » ! Je ne suis pas sur à cent pour cent de la traduction mais mon sens inné pour la pêche me fait dire que je ne suis pas trop éloigné de l’exactitude.
Sa palme sec, les locaux ont le rythme dans la peau et moi ça fait longtemps que je n’ai pas fait de pédalo. Ils me trainèrent aux larges vers des récifs abondants où l’huitre est la reine et la conche sa servante.
Allez surfer et posséder la rame est une chose, palmer avec vos cuisses et vos palmes trop petites en est une autre. Lorsque j’arrivais aux récifs, bien au large, puisque ma cabane ressemblait à une vulgaire botte de paille, j’étais mord d’épuisement. Le père et le fils me souriaient gentiment, le regard impatient de m’enseigner leur boulot.
« Que passa » balbutiais je ?
Ils me proposèrent de lier les bouées en caoutchouc gonflé entre elles afin de faire comme une base spatiale, une sorte de point de ralliement connecté à un rochez sous-marin à l’aide de nos ficelles. Nos mouvements s’en trouvaient bien aise, nous pûmes plonger et découvrir ce que j’appelai ce matin là : le magot.
C’était invraisemblable, grandiloquent diraient d’autres, ils y’avaient une quantité d’huitres astronomiques, que dis je, une voie lactée de fruits de coquillages entremêlés, une galaxie entière d’être vivant sapé de nacre. Assisté du pic en acier forgé, nous grattions le récif afin d’extirper les plus beaux modèles de conches ou d’huitres sauvages. Nous les remontions à la surface qui culminait à trois quatre mètres, pas d’avantage, et nous les déposions dans nos nasses pneumatiques. Soudain, un vol de tortues stoppa notre pêche excessive. Elles étaient une dizaine et nous survolèrent par-dessus alors que nous étions accrochés avec nos mains en griffes chacun sur notre récif. Un spectacle éblouissant, elles étaient escortées par une centaine de poissons multicolores qui butinaient leurs carapaces comme des planctons voraces qui dévorent d’invisibles nutriments. Miguel sut m’expliquer que c’était la saison des pontes et quelles venaient paisibles pondre leurs descendances. Et oui ma jolie Lou d’amour, tu lies bien et vous aussi, tel le dernier dessin animé que nous avons vu tous les deux avant mon départ. Si tu te souviens d’ailleurs, dans le cartoon, il présentait une carte géographique de là où pondent les tortues luth, et bien c’était l’endroit exacte, à une larme plus étendu évidement, où je me trouvais au moment ou je péchais toutes ces délicieuses coques à manger. Les tortues s’en sont allées et nous avons repris de plus belle notre attrape coquilles des mers.
Le matin finissait sa course et le soleil s’orientait bientôt au zénith quand nos bouées respectives s’affichèrent pleines d’huitres et de conches. Miguel m’éclaira que nous allions profiter du courent de la marée haute pour regagner le rivage. Mais avant il souhaitait chaparder quelques langoustines qu’il avait repéré dans un trou dissimulé sous un rocher aux allures d’arches de Noé. Un bloc de basalte plus conséquent que ces congénères qui abritaient une faune impensable de poissons bariolés. Nous nous tenions tous les trois cote à cote quand l’invraisemblable surgis. Un requin immense, d’une taille démesurée, vint flirter autour de nos petits corps frêles et si soudainement fragile. Il mesurait peut être la taille d’une deux chevaux Citroën et sa calandre en peau d’écaille luisait comme une auto lustrée. Nous restâmes tous les trois comme agrippés façon calamars attachant au fond de l’eau trop claire. Notre apnée mutuelle avait gagné en intensité. Dans mon cas précisément, j’étais disposé à battre le record mondial, très endurant, de la bouffée d’air la plus longue à être consommé par un bipède, qui de plus était terrorisé.
Le requin majestueux oscilla impalpable et disparu aussi vite qu’il n’avait apparu. Nous remettons simultanément à la recherche de la nappe d’air salvatrice. Je suis réconforté un bref instant car mes guides, du plus jeune au plus vieux, ont la même bouillent déconfites et apeurées. « On en croise pas tous les quatre matins dès comme ça » me confie Miguel à brule pourpoint. Nous allions regagner notre base pneumatique bourrée d’huitres et j’en passe et des meilleurs quand nous vîmes distinctement revenir un aileron cendrée caractéristique. Le requin n’avait pas conclue sa ballade aquatique. Il désirait peut être nous inviter à un gueuleton entre amis ou nous conduire chez ses grands frères pour nous dévorer en une bouchée de pain tendre à souhait. Je rêvais secrètement de m’en faire un ami. Un copain requin avec qui je pourrais jouer au freezbee ou taper la belotte sans m’en mordre les doigts !
Le grand méchant des loups des mers ne voyait pas les choses ainsi, il détourna son attention de nos cuisses dodues pour happer à pleine dents tranchantes la ficelle de chanvre qui raccordait nos bouées gonflées. Il rompu l’ancrage et les écrins libérés se nouèrent, comme une ancre dans un roc tortueux, dans une des incisives immenses du monstre bleu. Alors nos paniers garnis filèrent vers le grand large avec seuls nos yeux pour pleurer et la satisfaction suprême de ne pas avoir été dévoré.
Fin.


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Le pire n'est jamais decevant!

sudiste1
Envoyé le :  20/3/2011 10:57
Plume de platine
Inscrit le: 10/3/2011
De:
Envois: 5194
Re: Un requin gonflé!
Magnifique voyage culinaire aphrodisiaque!
MrsDreams
Envoyé le :  21/3/2011 17:48
Plume d'or
Inscrit le: 4/3/2011
De:
Envois: 1936
Re: Un requin gonflé!
Merci pour ce beau voyage Nouwanda !
Nouwanda
Envoyé le :  30/3/2011 11:26
Plume de soie
Inscrit le: 11/3/2011
De: Montpellier
Envois: 76
Merci merci....
Mrs dreams and Sudiste one, je suis bien heureux que cette histoire du soir vous ait séduite. Une histoire vraie un soupçon pimentée pour l'imaginaire de ma fille qui adore les requins....
Bien Ă  vous.


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Le pire n'est jamais decevant!

cyrael
Envoyé le :  2/4/2011 14:28
Mascotte d'Oasis
Inscrit le: 30/10/2005
De: ****
Envois: 83919
Re: Merci merci....


superbe !!!

j'M

un beau conte , Ă©mouvante lecture
*
félicitations


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l'Amour rayonne quand l'Ame s'élève, citation maryjo

Nouwanda
Envoyé le :  5/4/2011 10:27
Plume de soie
Inscrit le: 11/3/2011
De: Montpellier
Envois: 76
Re: Merci merci....
Merci très chere Cyrael,
Si vous ĂŞtes sage je vous Ă©crirais un conte Ă  usage unique et seulement pour vous!!!


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Le pire n'est jamais decevant!

Honore
Envoyé le :  7/4/2011 9:09
Modérateur
Inscrit le: 16/10/2006
De: Perpignan
Envois: 39530
Re: Un requin gonflé!
un conte émouvant qui m'a permis de retrouver mes yeux d'enfant émerveillés.
HONORE
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