Un vent de liberté soufflait à nos fenêtres
-En ce beau mois de mai, moi je n’avais qu’onze ans-
Pourtant, je me souviens des cris qui s’enchevêtrent
Quand les pavés volaient jetés par des manants.
Dans Paris qui prenait Ă nouveau la Bastille
Victorieusement contre l’ordre établi,
Le peuple s’agitait brandissant des faucilles
Et le gouvernement reprenait le maquis.
Se pourrait-il, qu’encor, tout à nouveau s’embrase ?
Que les humains, perdus, réarmant leurs fusils,
Effacent tous les mots, toutes les belles phrases,
Refondant la ferveur sacrifiée au profit ?!
Car, demain, l’Univers -meurtri et agacé-
Pourrait bien, tout Ă coup, assailli de mensonges,
Ecumant de fureur, se métamorphoser,
Expulsant de son sein ce cancer qui le ronge :
L’Homme, ce parvenu, ce fléau et ce lâche !
L’Homme et tous ses canons que la haine dévore !
L’Homme, cet orgueilleux, conquérant sans relâche,
Semant sur son chemin le levain de la mort !
En voici le prélude avant l’ultime orage :
Les vapeurs qui polluent et le PĂ´le qui fond,
L’Océan maculé que le mazout ravage,
Les débris, les engrais, les déchets, le fréon !
Ce vent de liberté, qui sifflait à nos portes
Tel un serpent sournois, a tout envenimé
Et l’Homme, ce verrat sans pudeur, ce cloporte,
Inexorablement, revint tout saccager !
A force d’écimer les forêts millénaires
Et de dénaturer les vertus du passé,
A force de gâcher les trésors de la terre,
Les bouquets sont flétris et les étangs souillés !
C’est à Mururoa qu’on fit du nucléaire,
Irradiant les poissons, les oiseaux du lagon
Et les coreaux, précieux habitants de la mer,
Immolés sur l’autel vain de la déraison !
Adieu beaux mois de mai ! Adieu fruits des vendanges !
Adieu soleils ardents ! Adieu merles narquois !
Adieu lune d’argent ! La Nature se venge
Et mon âme est en deuil, j’ai si peur et si froid !
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(c) Antigone
"L'amour, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction" (Antoine de Saint-Exupéry)